Rie Urasoko a le plaisir de vous faire part de la soutenance de sa thèse qui se déroulera le lundi 18 décembre 2023 à 9h dans la Salle des Thèses de la Maison de la Recherche à l’École Doctorale Montaigne Humanités (Université Bordeaux Montaigne Domaine Universitaire – 33607 Pessac cedex).
La thèse de Rie Urasoko est intitulée « Le patron atone et le phénomène de la désaccentuation en japonais moderne », sous la direction de Mme Laurence Labrune, Professeure des universités.
Le jury est composé de :
Laurence LABRUNE, Professeure des universités, Université Bordeaux Montaigne (directrice) ;
Gabriel BERGOUNIOUX, Professeur émérite, Université d’Orléans (rapporteur);
Joaquim BRANDÃO DE CARVALHO, Professeur des universités, Université Paris 8 (examinateur) ;
Yayoi NAKAMURA-DELLOYE, Maître de conférences HDR, Institut National des Langues et Civilisations Orientales (rapporteure) ;
Takeki KAMIYAMA, Maître de conférences, Université Paris 8 (examinateur) ;
Cédric PATIN, Maître de conférences, Université de Lille (examinateur).
La soutenance sera publique, et elle sera suivie par un pot auquel Rie aura le plaisir de vous convier.
Résumé de la thèse
Cette thèse aborde un sujet qui soulève des questions fondamentales pour la phonologie accentuelle du japonais (de Tōkyō moderne) ainsi que pour la théorie phonologique générale. Il s’agit de l’existence de mots atones (inaccentués) et de la désaccentuation (changement du patron accentuel en vertu duquel une forme tonique devient atone), deux phénomènes typologiquement rares suscitant également des interrogations théoriques plus générales. L’objectif de notre recherche est d’examiner les facteurs morphophonologiques qui favorisent ou entravent la désaccentuation. La méthodologie consiste à étudier les caractéristiques communes des noms ayant subi une désaccentuation entre deux éditions d’un dictionnaire de prononciation et d’accent (1998 et 2016, édition de la NHK) en prenant en compte cinq paramètres : la longueur des noms, la position originelle du noyau accentuel, la structure morique, la structure morphologique et la fréquence. Un des résultats les plus importants concerne les deux premiers paramètres. Ce résultat amène à classer les noms japonais en trois catégories de taille (petite, moyenne et grande) et à diviser les patrons accentuels en deux natures (fort et faible) en fonction de leur réceptibilité à la désaccentuation. L’importance que nous accordons à cette catégorisation doit être comprise à la lumière de l’influence de ces facteurs sur le processus de désaccentuation, indépendamment d’un facteur non négligeable et connu comme ayant une influence importante sur la désaccentuation, à savoir la strate lexicale. En effet, les trois strates lexicales ont des caractéristiques morphophonologiques très différentes, mais la taille de mots et les patrons forts jouent un rôle similaire dans la désaccentuation quelle que soit la strate. Cette thèse propose également une analyse tonale de la désaccentuation dans le cadre de la phonologie autosegmentale (Goldsmith 1976). Nous partons de l’hypothèse selon laquelle la désaccentuation du japonais peut s’analyser comme mettant en jeu deux assimilations tonales (horizontale et verticale), processus considérés comme naturels et basiques et fréquemment observés dans des langues à tons (Hyman 1975 ; Hyman & Schuh 1974). Cette approche purement tonale permet non seulement de saisir le mécanisme de la désaccentuation de manière simple et élégante, mais aussi de fournir des explications cohérentes avec les principaux résultats de notre étude : la sensibilité à la désaccentuation de la taille moyenne (3µ et 4µ) et celle des patrons faibles (final et pénultième) ainsi que la résistance à la désaccentuation des autres tailles (petites : 1µ et 2µ, grandes : 5µ ou plus) et celle des patrons forts (antépénultième et initial).