Programme
(disponible également en version PDF ici)
Les retours à la terre, qui se présentent à la fois comme des actes (changement de vie) et comme des discours, sont indissociables de certaines représentations de la nature. Quels rôles jouent ces représentations, sous quelles formes se présentent- elles et comment exercent-elles leur influence ?
Ces deux séances du séminaire proposent un glissement de la Terre vers la Nature en se portant sur l’étude des représentations. La nature, le naturel ne se signifiant en effet pas par eux-mêmes, mais par un regard porté par les groupes humains. Il n’existe pas de nature en soi et la nature, son ordre, ses valeurs, ses significations résultent de leurs saisissements par les sociétés, qui en retour se retrouvent influencées par cette nature construite. Comment ce message se construit-il ? Comment est-il transmis ? Peut-il être manipulé, manipulé, orienté en rapport avec des rapports politiques et sociaux qui varient selon les contextes historiques ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer pour éclairer notre prise de conscience de la terre comme territoire de vie (retour de la terre) ?
Dans ces séances nous tenterons d’explorer et de débattre ces questions à travers des études portant sur le Japon et au-delà, en examinant différents supports de circulation des idées de nature : un poème de la Chine antique (Augustin Berque), idéologie nationale dans le Japon moderne (Victoria Leroy), la gastronomie (Nicolas Baumert et Ikuhiro Fukuda) et ou les films d’animation japonais (Kenjiro Muramatsu et Antonin Bechler).
Séance 1 : Retour à/de la terre et représentations de la nature : transmission, ruptures et ambiguïtés
Le 15 janvier 2021, 9h-11h30 (France) / 17h-19h30 (Japon)
Pour obtenir le lien Zoom, merci de contacter les organisateurs.
9h-9h15 : Accueil (réglage technique) et mots d’introduction des organisateurs (Laurence Granchamp, Kenjiro Muramatsu, Nicolas Baumert)
Modérateur : Nicolas Baumert
9h15-10h45 : présentation de Augustin Berque (directeur d’études retraité à l’École des hautes études en sciences sociales / CNRS) suivie d’une discussion.
Titre : Boisson V (Yinjiu wu 飲酒五), de Tao Yuanming, et le paradigme du retour à la terre en Asie orientale
Résumé : Tao Yuanming (365-427) est fameux dans toutes l’Asie orientale comme poète du retour à la terre, et Boisson V (YĬNJIŬ WŬ 飲酒五) est son poème le plus représentatif. C’est une figure marquante de l’érétimisme mandarinal, qui s’est particulièrement développé en Chine du sud sous les Six Dynasties (222-589), époque troublée durant laquelle, entre autres, est apparue la notion de paysage. Cet héritage a marqué l’esthétique de l’Asie orientale dans de nombreux domaines, notamment l’architecture, et plus généralement le sens du rapport humain à la nature.
10h50-11h30: présentation de Victoria Leroy (Doctorante en Géographie, Université Lyon 2・UMR 5600 EVS) suivie d’une discussion
Titre : Le Japon entre nature nationalisée et nation naturalisée : premières pistes dans l’étude de discours éconationalistes
Résumé : à venir
Et merci de lire au préalable la poésie ci-dessous que Monsieur Berque abordera => voir la page du séminaire ici
Séance 2 : Sensibilités culturelles et évolution des représentations de la nature
Le 29 janvier 2021, 9h-11h30 (France) / 17h-19h30 (Japon)
Modérateur : Augustin Berque, directeur d’études en retraite à l’École des hautes études en sciences sociales / CNRS.
9h-10h20 : présentation de Fukuda Ikuhiro (Professeur, Université de Waseda) et Nicolas Baumert (Maitre de conférences, Université de Nagoya), suivie d’une discussion.
Titre : Le cru et le cuit dans la gastronomie japonaise : triangulations autours du sauvage et de l’artifice.
Résumé : La gastronomie japonaise donne souvent l’image d’une cuisine saine et naturelle, en particulier par son utilisation du cru ou du très peu cuit qui permettent consommer des produits au plus proche de leur état originel. La plupart des modes de préparation et de présentation tendent vers cet objectif pas toujours explicité, mais néanmoins présent dans le travail des cuisiniers, que ce soit pour la haute cuisine comme le kaiseki ou pour beaucoup de plats traditionnels qui mettent en avant la saisonnalité. Il s’agit toutefois d’une apparence de naturalité et d’une construction de sensibilités qui s’est faite sur le temps long. Il apparaît en effet que le processus gastronomique au Japon ait eu pour objectif premier de révéler le goût naturel des aliments qui accompagnent le riz. Le produit brut n’est donc pas vraiment perçu comme un produit non culturel et peut être en même temps le point de départ ou le point final du processus d’appropriation culturelle de la nourriture.
En analysant tant les discours que les pratiques, et en utilisant le célèbre triangle culinaire de Claude Lévi-Strauss qui permettra des comparaisons avec d’autres modèles culinaires, la présentation tentera de déterminer la place du « naturel » dans la gastronomie culinaire japonaise et de comprendre pourquoi le cru est devenu si emblématique. Nous insisterons dans l’explication sur la relation particulière avec le milieu et en penchant tant sur les explications culturelles que sur l’évolution historique des modes de préparation et des goûts.
10h20-10h30 : pause-café en ligne (communication libre sur Zoom)
10h30-11h30 : présentation de Kenjiro Muramatsu (maître de conférences, Université Jean Moulin Lyon 3) et de Antonin Bechler (maître de conférences, Université de Strasbourg), suivie d’une discussion.
Titre : Takahata et Miyazaki : la nature animée entre le réalisme et la fantaisie (provisoire)
Résumé :
Si Takahata Isao (1935-2018) et Miyazaki Hayao (1941-) apparaissent comme des artistes d’animation qui incarnent une certaine philosophie « écologique », il existe de nombreuses œuvres qui chez eux ne sont pas nécessairement axées sur la nature elle-même, même si ces questions sont au premier plan de leur travail. Miyazaki est d’ailleurs également connu pour sa connaissance approfondie des avions (y compris les avions de chasse), des voitures et de la science-fiction d’une certaine époque, et il serait trop simpliste de les étiqueter de manière simpliste comme des « animateurs écologistes ». Plutôt que de se demander si leurs œuvres et leurs visions du monde incarnent « véritablement » ou non une idéologie écologique, il conviendrait de se demander plus largement comment la « nature » y est représentée, quelles peuvent être les fonctions et les significations qui peuvent lui être attribuées à l’intérieur comme à l’extérieur de leurs œuvres (narration, direction et contexte social).
Cette présentation examinera les implications sociales et contemporaines de la « nature » telle qu’elle est représentée par le biais de l’animation, en s’efforçant de clarifier la manière dont ces représentations ont été construites et modifiées dans la série d’œuvres créées par Takahata Isao et Miyazaki Hayao depuis la fin des années 1960. En particulier, en mettant en évidence quelques aspects convergents et divergents entre ces deux auteurs, on discutera des possibilités et des limites de la transmission de pensées de la nature par les œuvres de l’animation japonaise moderne.
Modalités de participation
Toutes les séances se dérouleront sur Zoom, les liens sont indiqués par séance ci- dessous. La participation aux séances sera sous inscription. Merci de nous contacter au préalable à l’adresse suivante en précisant les séances auxquelles vous souhaiteriez assister. Nous vous enverrons par la suite le code d’accès.
Ecrivez à : kenjiro.muramatsu@univ-lyon3.fr
Ce séminaire est ouvert aux chercheurs confirmés comme aux jeunes chercheurs (doctorants et post-doctorants) de différentes disciplines (philosophie, histoire, anthropologie, sociologie, économie…) et d’études aréales (Europe, Japon, Asie, etc.). Les présentations et discussions se feront essentiellement en français. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez besoin de plus de renseignements.
Contacts :
Laurence Granchamp, Maître de conférences, Université de Strasbourg, Dyname UMR7367.
laugran@unistra.fr.
Kenjiro Muramatsu, Maître de conférences, Université Jean Moulin Lyon 3, IETT EA 4186.
kenjiro.muramatsu@univ-lyon3.fr
Nicolas Baumert, Maître de conférences, Université de Nagoya, chercheur associé à l’Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise. baumert@ilas.nagoya-u.ac.jp