Groupe d’étude de philosophie japonaise
(Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est UMR 8043, Inalco / Université de Paris / CNRS)
Demi-journée d’étude « Qu’est-ce que l’histoire de la philosophie japonaise ? » avec Uehara Mayuko (Université de Kyôto) et Michael Lucken (Inalco-IFRAE)
Samedi 26 juin 2021, vidéoconférences sur Zoom
9h30-12h00 heure de Paris, 16h30-19h00 heure de Tokyo
Pour obtenir le lien Zoom, merci de bien vouloir remplir la formule de pré-inscription :
https://ifrae.cnrs.fr/evenements/quest-ce-que-lhistoire-de-la-philosophie-japonaise/
Résumés:
Michael LUCKEN (Inalco-IFRAE)
« De l’histoire de la philosophie comme parlementarisation des âmes »
Il existe un consensus parmi les historiens pour dire avec Jack Goody qu’il s’est produit un « vol de l’histoire » des peuples du monde, que les peuples extra-occidentaux ont été privés de leur histoire par la science coloniale. Qu’il y ait pu y avoir aussi un « vol de la philosophie » n’apparaît en revanche pas aussi clairement, car la définition même de la philosophie est beaucoup plus disputée que celle de l’histoire.
Après avoir remis en perspective les différents rapports que la philosophie occidentale a entretenus au cours des xixe et xxesiècles avec ses marges, nous tenterons dans cette présentation de définir, au travers de l’exemple de la constitution d’une philosophie académique au Japon, les conditions d’une pensée qui accepte l’intégration con-tentieuse et démocratique de la pluralité de l’imagination des fins.
UEHARA Mayuko (Université de Kyôto)
« L’orientation de la philosophie japonaise : l’émotion chez Nishida ou la pratique chez Tanabe »
La présente communication se focalise sur Nishida Kitarô et Tanabe Hajime, les deux auteurs les plus représentatifs de la philosophie japonaise, plus précisément de l’école de Kyoto. Il s’agit de faire une étude comparative entre leurs pensées du point de vue du sentiment (感情) ou de l’émotion (情). Pour Nishida, le sentiment et l’émotion sont les fondements incontournables de la logique ; il s’oriente donc vers une construction logique de sa philosophie à partir de l’émotion dès la seconde moitié des années 1910. Quant à Tanabe, qui répugne à l’intuitif et au contemplatif (観想的), il poursuit une logique qui insiste radicalement sur l’acte pratique. Pourtant, en fin de compte, Tanabe a persisté dans un mode de pensée saisissant scientifiquement l’émotion et le sentiment. Le domaine appelé « philosophie japonaise » a été inauguré durant la modernisation du Japon à l’occasion de l’introduction de la philosophie occidentale. Et si l’on admet ce fait, on peut dire que Nishida et Tanabe ont tous deux construit une philosophie qui s’efforce de dépasser la pensée dualiste de l’Occident moderne. Nishida prend la position du monisme en construisant la logique sur la base de l’émotion, alors que Tanabe la nie avec fermeté et exprime le conflit entre la logique et l’émotion dans sa philosophie. Afin de montrer la différence et l’opposition entre ces deux philosophes japonais, je traiterai le problème des rapports entre l’émotion et la philosophie en m’appuyant sur leurs discours sur l’art.
contact courriel : takako.saito@inalco.fr, akinobukuroda@gmail.com, arthur.mitteau@univ-amu.fr, simon.ebersolt@gmail.com—