Exposition « Les cinq couleurs de l’encre »
Dates : Mercredi 8 juin 2022 – 10:00 – 19:00Lieu : Galerie du Pôle des Langues et Civilisations (65, rue des Grands Moulins – 75013 Paris)
Une exposition organisée par Lia Wei (IFRAE, Maître de conférences en histoire des arts de la Chine, Inalco).
Equipe curatoriale : Manon Kbidi, Mina Kouame, Anna Le Menach et Paula Suméra (étudiantes à l’Inalco).
En écho au colloque « Usages et valeurs du noir en Asie de l’Est » (Isabelle Charrier et Marie Laureillard, CEEI-IFRAE).
Plutôt que de comprendre le « noir » comme une couleur, cette exposition choisit de se questionner sur les devenirs multiples de la tradition de l’encre en Asie de l’Est, un héritage partagé par les 25 artistes peintres, calligraphes, plasticiens, céramistes, photographes et graveurs présents tout au long du parcours.
Liste des artistes
ADACHI Takeo, ARASE Kaname, CONG Peibo, FUTAMURA Yoshimi, HU Jiaxing, HU Jie, JIANG Hanxuan, KIM Hyeonsuk, Lia WEI, Lithic Impressions, LIU Tianyu, MA Desheng, MATSUTANI Takesada, MURAKAMI Santo, ONODERA Yuki, TANG Kaizhi, WATASE Yoko, WU Jialin, XU Demin, YE Xin, Yolaine ESCANDE, YU Li, ZHANG Qiang , ZHAO Fei, ZHU Pengfei.
Le parcours en cinq étapes : technique, matière, couleur, sujet et geste
Le parcours proposé part du double héritage technique porté par les artistes contemporains chinois, coréens et japonais : la « technique de l’encre » (墨法) et la « technique du pinceau » (筆法). Bien que ces techniques – ou méthodes – soient perçues comme complémentaires, la qualité d’une œuvre à l’encre est bien souvent jugée à travers le maniement du pinceau, un outil associé à la pratique de la calligraphie.
Dans un deuxième temps, le parcours s’intéresse à une série d’artistes qui abandonnent le pinceau pour retourner au sens premier de l’encre comme matière, que l’on retrouve dans l’étymologie du caractère mo 墨 (le noir 黑 au-dessus de la terre 土).
Associée au noir, l’encre est aussi connue dans les premiers traités d’esthétique chinois pour ses « cinq couleurs ». Le chiffre cinq se veut exhaustif ; il fait écho aux directions cardinales et leur centre, aux cinq éléments, dans une ambition civilisatrice et totalisante. Les traités ultérieurs, souvent de la main de praticiens, affinent l’énumération des qualités de l’encre, en proposant des nuances plus concrètes comme, outre le noir et le blanc, le sec et le mouillé, le dense et le léger.
Afin d’éviter l’idéal d’un art lettré stérile et hors du temps, l’exposition intègre la démarche d’artistes qui capturent des sujets figuratifs et actuels en s’emparant du réel par le noir, sous la forme de photographies, xylographies et estampages. Finalement, les gestes de l’artiste qui, du bout du pinceau ou à bras le corps, noircissent d’encre leurs œuvres, clôtureront ce parcours.
Choix curatoriaux et la question des valeurs
Calligraphie moderne et art de l’encre contemporain en Extrême-Orient sont volontiers confondus avec « expressionisme abstrait ». Notre sélection d’œuvres s’efforce de dépasser cette vision globalisante de l’histoire de l’art moderne, qui éclipse la spécificité culturelle de ses expressions. Un autre écueil que nous avons voulu éviter : la réduction de toute démarche artistique contemporaine en Asie de l’Est à un dialogue binaire entre tradition et modernité.
L’expression picturale en Extrême-Orient partage ses outils, matériaux et techniques avec l’art de l’écriture. Ainsi, une véritable hiérarchie des genres picturaux se base sur le degré de virtuosité calligraphique que laisse transparaître une œuvre, qui s’accompagne d’une rhétorique quant à la supériorité de l’encre monochrome sur la couleur. La volonté a été ici d’inclure certains aspects de la production visuelle habituellement exclus par les valeurs esthétiques de l’élite lettrée, tout en tenant compte de la terminologie et les catégories présentes dans les traditions classiques de la calligraphie et de la peinture en Asie de l’Est.
Ce projet est expérimental à plusieurs égards : l’exposition ne dure qu’une journée, elle est pensée par une enseignante du département d’Études chinoises de l’Inalco et quatre étudiantes, dans un espace où ne sont pas habituellement exposées d’œuvres originales. L’intention curatoriale et le choix des œuvres est le résultat d’un dialogue au sein du projet de recherche « Sources visuelles, sources textuelles » de l’IFRAE. Une dizaine d’encres marouflées provient de la collection du Lithic Archive à Bruxelles, qui regroupe des artistes contemporains chinois ayant déjà fait l’objet de manifestations culturelles organisées par Lia Wei. S’y ajoutent une série d’artistes japonais proposés par Isabelle Charrier, et plusieurs artistes résidant principalement en France, par Marie Laureillard.
Programme de la journée
- 10h : ouverture de l’exposition
- 10h45 : visite guidée par Manon Kbidi
- 13h30: visite guidée par Anna Le Menach et Paula Suméra
- 15h45 : visite guidée par Mina Kouame
- 18h : visite guidée par Lia Wei
- 19h : fermeture de l’exposition
Entrée libre.