La revue Extrême-Orient, Extrême-Occident lance un deuxième appel à contribution pour un prochain numéro ayant pour thème « Vies des morts en Asie », coordonné par Florence Galmiche.
Argumentaire
Les morts habitent le monde d’une manière qui leur est particulière. En Asie, où la vie suppose que matière, esprits et flux de force vitale soient réunis et tenus ensemble, le moment de la mort est celui d’une disjonction, voire d’une dispersion. Face à ce phénomène, de nombreuses techniques (appels des âmes lors de cérémonies chamaniques, rédactions de généalogies ou enquêtes médico-légales) ainsi que des objets de nature diverse (tablettes funéraires, portraits ou logiciels de réalité virtuelle) permettent aux vivants d’entrer en relation avec les morts.
L’anthropologie comme l’histoire ont décrit et souligné la vivacité avec laquelle les morts sont présents parmi les vivants et cette thématique de recherche est en plein renouvellement. Citons ainsi les quelques titres suivants : Ghosts of War in Vietnam de Kwon Heonik en 2008, Au bonheur des morts de Vinciane Despret en 2015, ou encore le numéro « Fantômes » de la revue Terrain dirigé par Grégory Delaplace en 2018. Ce numéro d’Extrême-Orient, Extrême-Occident souhaite prolonger ces approches en les faisant dialoguer avec des travaux récents qui portent sur la place de la matérialité et des techniques dans les relations avec l’invisible, notamment le numéro « Matérialiser les désirs. Techniques votives » de Techniques et culture, dirigé par Pierre-Olivier Dittmar et al. en 2018, ou le livre Mediums and Magical Things : Statues, Paintings, and Masks in Asian Places de Laurel Kendall en 2021.
Face à la profusion d’objets et de techniques qui permettent aux morts d’évoluer dans le monde des vivants, ce numéro « Vies des morts en Asie » propose ainsi de réfléchir aux manières dont sont produits et utilisés les différents supports d’existence des morts. Le concept de « support d’existence » permet ici d’analyser ensemble des phénomènes généralement étudiés de manière séparée —des tablettes ancestrales à la réalité virtuelle— quel que soit le contexte historique et sans se limiter à des objets d’analyse relevant du religieux ou du rituel.
Les contributions attendues, en anthropologie, histoire, histoire de l’art, sociologie ou littérature, pourront porter sur une ou des sociétés de l’Asie orientale à différentes époques et s’inscrire de manière privilégiée dans l’une des thématiques suivantes :
– La place de la matérialité dans les supports d’existence des morts. Quelles procédures permettent de développer la capacité qu’ont ces supports d’intensifier la présence des morts ? Quelle place occupe l’évolution technologique dans les techniques mises en jeu ? Comment intervient ici la sensorialité ? Jusqu’à quel point recourt-on à la matérialité pour interagir avec les morts ?
– L’emploi et la finalité des objets et techniques. Quelles relations permettent-ils d’établir et de cultiver avec les morts ? Par quoi les morts sont-ils reliés à ces supports ? Et pour combien de temps ?
– Les réaménagements et crises concernant ces supports d’existence. Qu’implique une éventuelle disparition des supports existants pour des morts (perte, destruction, inaccessibilité) ? Quelles sont les conséquences de leur possible dispersion ou encore de leur multiplication ?
Procédure
Les propositions d’articles, en anglais ou en français, seront adressées aux deux rédacteurs en chef de la revue : matthias.hayek[at]ephe.psl.eu et pierre-emmanuel.roux[at]u-paris.fr,ainsi qu’à la coordinatrice du numéro, Florence Galmiche : florence.galmiche[at]u-paris.fr
Les personnes qui envisagent de proposer une contribution sont invitées à se manifester en donnant un titre provisoire et un résumé, avant le 15 juillet 2022.
Les manuscrits complets sont attendus au plus tard le 30 octobre 2022 et doivent suivre les consignes indiquées ici : https://journals.openedition.org/extremeorient/738.