Il s’agit de la première conférence de l’année 2020-2021 organisée par le Groupe d’étude de philosophie japonaise (Ifrae, Inalco / Université de Paris / CNRS, F-75013 Paris).
Samedi 14 novembre 2020, en vidéoconférence sur Zoom
14h00-14h45 suivie de discussion
KAWASATO Suguru (Université de Nagoya, Inalco)
Titre : Les fondements esthétiques de la critique chez Kobayashi Hideo : inspirations bergsonienne et rimbaldienne de la beauté et de l’acte de croyance
15h30 la fin de séance
Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr
contact courriel : takako.saito@inalco.fr, akinobukuroda@gmail.com, simon.ebersolt@gmail.com
Résumé :
L’objectif de cette communication est d’examiner, à travers la critique de Kobayashi Hideo (1902-1983) sur le philosophe français Henri Bergson (1859-1941) et le poète français Arthur Rimbaud (1854-1891), l’attitude de l’esprit envers la création artistique ainsi que son aspect transcendantal en dehors du cadre du christianisme. Kobayashi souligne l’importance de la volonté de créer l’œuvre d’art chez l’artiste tout en étant conscient du fait qu’il y a des facteurs inconnus qui entrent dans le processus créatif artistique. Ces éléments sont appelés par Kobayashi shukumei 宿命 (destin). À travers l’intérêt pour Bergson dont a fait preuve le mouvement philosophique du vitalisme sous l’ère Taishō (1912-1926), nous pouvons attester de l’influence de Bergson sur Kobayashi.
Dans la philosophie de Bergson, la notion de « vie » possède une sorte de transcendance (bien qu’elle soit différente de celle de la religion), de telle sorte que nous pouvons dire que l’idée de shukumei porte aussi sur certains aspects transcendants. Nous pouvons y trouver, dans le monde après la « mort de Dieu », une sorte de croyance religieuse. Dans la pensée de Bergson, l’art et la perspective religieuse sont comme deux entités inséparablement liées l’une à l’autre, car c’est l’apparition des choses dans le monde qui fait surgir une caractéristique « divine » dans l’œuvre d’art. Bergson considère Dieu comme ce qui apparaît dans le phénomène immanent de ce monde, mais Kobayashi, en se débarrassant de ce point de vue chrétien, garde seulement la structure de pensée de Bergson : c’est l’apparition des choses même qui possède l’aspect transcendant sans religion.
Kobayashi pense que le philosophe et le poète sont égaux dans le sens où ils tentent de créer l’œuvre d’art en s’appuyant sur « ce qui est donné immédiatement à la conscience ». L’esthétique de Bergson souligne le point de vue selon lequel l’artiste crée des choses par sa propre volonté, mais le statut de l’artiste est plutôt de recevoir la « bonté divine » en enlevant le voile destiné à la vie quotidienne. Par contre, Kobayashi, qui n’est pas chrétien, suppose que l’artiste (poète) crée les œuvres d’art à travers son propre effort. Bien que Bergson parle de l’effort de l’artiste, l’utilisation de cette notion est différente chez Kobayashi : chez Bergson, l’artiste possède le statut d’intermédiaire de Dieu, mais pour Kobayashi, la caractéristique de l’artiste est de créer des œuvres avec une nouvelle utilisation des mots, c’est-à-dire que l’effort dérivé de la part de l’homme vaut le créateur complet dans le domaine de l’art.
Dans la première critique de Kobayashi sur Rimbaud, il peut y avoir deux points de vue remarquables : c’est le fait qu’« un artiste doit avoir le néant (mu無) tout d’abord », puis le shukumei entre dans la tête de l’artiste en arrière d’elle avec les « yeux de prière » (kitôsha no me祈祷者の眼). La première veut dire qu’en abandonnant le point de vue quotidien (mu), on peut arriver et accepter ce qui est « inconnu ». La seconde signifie que ceux qui prient ne sont pas des personnes qui donnent leurs prières avec seulement une partie de leur esprit ; ils prient avec l’esprit entier. En ayant cette attitude de l’esprit, ce qui se trouve hors de la conscience (que Kobayashi appelle la « réalité extérieure ») peut entrer dans l’esprit de l’artiste.
Lien vers l’annonce de l’événement sur le site de l’Inalco : ici