Akane NISHII a le plaisir de vous annoncer la soutenance de sa thèse intitulée :
« La diffusion et l’exportation des objets de l’artisanat d’art japonais de la fin de l’époque d’Edo à l’ère Meiji (1853-1890) : Enjeux politiques, économiques et sociaux pour le Japon »
Dirigée par Guillaume CARRÉ, Directeur d’études, EHESS, Centre de Recherche sur le Japon
Vendredi 12 janvier à 9h00 à l’EHESS (salle A 07_37), 7e étage – 54 bd Raspail 75006 Paris (Métro : Sèvres – Babylone / Saint-Placide )
Le jury est composé de :
- Estelle BAUER, Professeure, INALCO
- William G. CLARENCE-SMITH, Professeur émérite, SOAS University of London (Rapporteur)
- Midori HIROSE, Maître de conférences, Université Paris Cité (Rapporteur)
- Christophe MARQUET, Directeur d’études, EFEO Kyoto
- Guillaume CARRÉ, Directeur d’études, EHESS
Résumé :
Les envois d’objets de l’artisanat d’art japonais tels que les céramiques et les laques vers l’Europe étaient solidement établis déjà au 17e siècle. Mais leur circulation s’intensifie après une série de traités mis en place depuis 1854 qui ouvre l’archipel aux principaux pays occidentaux. Ces objets étaient avant tout, à l’origine, destinés à un usage pratique, ce qui n’exclut cependant pas une sensibilité artistique lors de leur fabrication. On connaît l’attraction de ces objets surtout comme source d’inspiration artistique en Europe et aux Etats-Unis. Or, l’artisanat d’art japonais n’était pas seulement le déclencheur d’une vogue japonaise en Occident, il joua également un rôle-clef dans la prise de conscience, par les Japonais eux-mêmes, du potentiel artistique et commercial de leur production comme un atout d’intégration à la communauté internationale.
Cette thèse porte sur le processus de ce changement de regard des Japonais vis-à-vis de leur production artistique par la découverte du regard extérieur durant une période transitoire, de la fin de l’époque d’Edo jusqu’au milieu de l’ère Meiji, tout en s’intéressant à la nature des objets. Il sera démontré par l’étude de cas détaillée au travers de plusieurs mécanismes de leur diffusion, basée sur la documentation japonaise peu exploitée. La transaction des objets décoratifs dans la station de ravitaillement aux navires étrangers à Shimoda, ou encore l’enregistrement des Achats faits par les étrangers (Gaikokuji kaimono), conservé à la bibliothèque de la Diète à Tokyo, établi par l’autorité en collaboration avec les citadins d’Edo, montrent le rôle primordial du charme de ces objets servie au shôgunat coincé entre son désir de préserver un régime isolationniste et la conscience de devoir s’aligner à la revendication internationale. Les préparatifs minutieux des objets envoyés à l’Exposition universelle de 1867 sont réalisés en réponse aux demandes de l’ambassadeur de France Léon Roches. Le journal Quotidien de Yokohama (Yokohama Mainichi Shinbun) dévoile les acteurs des transactions de l’artisanat d’art dans l’intérieur de la concession étrangère et leur croissance des années 1870, ce qui concorde au même enthousiasme politique du gouvernement Meiji. Cet engouement économique fait naître un mouvement de la promotion de l’artisanat d’art au Japon, qui s’inscrira dans la philosophie sur la création artistique à partir des années 1880. La seconde partie de cette thèse examine le cheminement de ce mouvement par le biais des activités des membres de la Ryūchi-kai, la première association japonaise pour l’encouragement de la production artistique, fondée en 1879. Ce travail permet de mieux comprendre comment les transferts commerciaux ont permis une réflexion sur une identité artistique propre au Japon. Elle aboutit à une première étape de l’institutionnalisation de l’art au Japon.