Motion de la Société française des études japonaises (SFEJ)
Contre la suppression des concours de japonais
La Société française des études japonaises (SFEJ) exprime sa vive inquiétude après la publication, le 9 septembre 2025, de la liste des concours du second degré susceptibles d’être ouverts en 2026, dont le CAPES et l’agrégation externes (comme internes) de japonais sont absents, après une fermeture complète de ces concours déjà en 2025. Cette décision, si elle est confirmée, mettra en péril l’enseignement du japonais en France – et, avec lui, toute une filière d’études et de recherche.
Supprimer les concours, c’est empêcher le renouvellement du corps enseignant et aggraver une situation déjà marquée par une pénurie de postes. C’est aussi condamner à la précarité les enseignants contractuels qui assurent, souvent seuls, la continuité des cours dans les collèges et lycées. Comment soutenir les vocations quand les étudiants les plus engagés se heurtent à une filière sans débouchés ni concours pour devenir enseignants et sans aucune visibilité sur l’ouverture de ces derniers? Comment attirer de nouveaux étudiants vers une discipline à laquelle l’État retire toute perspective de carrière ?
Cette décision est d’autant plus incompréhensible que la filière subit depuis des années une ouverture minimale des concours, souvent limitée à un unique poste au niveau national, sans aucune perspective d’amélioration. Poursuivre cette non-politique de recrutement revient à nier les efforts accomplis par les universités, les enseignants et les étudiants, et à rompre l’égalité entre les langues vivantes enseignées en France.
Au-delà du recrutement, ce choix fragilise tout l’écosystème académique : les départements de japonais à l’université vont voir leur attractivité chuter, les vocations s’éloigner, les inscriptions diminuer. À terme, c’est la recherche en études japonaises et la transmission des savoirs qui seront frappées.
Enfin, cette suppression contredit les engagements pris par la France dans ses coopérations culturelles et éducatives avec le Japon. Comment promouvoir une relation stratégique si l’on retire les moyens d’enseigner la langue et de former des spécialistes ?
Nous demandons au Ministère de rétablir sans délai l’ouverture des concours de japonais dès 2026 et pour les années à venir.
Garantir un recrutement régulier, avec une vision programmatique sur plusieurs années, est la seule condition pour maintenir un enseignement public du japonais digne de ce nom, du collège à l’université. Les exigences de qualité, de compétences, des enseignants, réitérées par la mise en place récente des nouveaux programmes de langues vivantes, ne pourront qu’être confirmées par la sélection de candidats à un haut niveau académique que seuls les concours permettent.
Renoncer à ces concours, ce n’est pas seulement affaiblir une langue étrangère.
C’est affaiblir l’École de la République, en renonçant à la diversité linguistique et culturelle dans un monde où le Japon est un partenaire majeur, et le japonais est une langue de savoir, de culture et d’accès à une civilisation influente. C’est également affaiblir, avec l’absence de spécialistes confirmés dans l’enseignement du japonais, la place de la France dans un monde de plus en plus complexe.
