Conférence / Les procès « Fukushima » et la fabrique des politiques publiques. Les leçons tirées des précédents procès environnementaux et anti-pollution (Maison franco-japonaise, jeudi 4 février, 18h-20h, heure de Tokyo)

L’Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise en collaboration avec la Fondation France-Japon de l’EHESS a le plaisir de vous inviter à la deuxième conférence du cycle « Judiciarisation des enjeux sociaux et environnementaux au Japon et en France ».

Inscription obligatoire sur le site de la MFJ : www.mfj.gr.jp/agenda/2021/02/04/judiciarisation/

Les procès « Fukushima » et la fabrique des politiques publiques.
Les leçons tirées des précédents procès environnementaux et anti-pollution

Jeudi 4 février 2021
18 h – 20 h (Japon)
En ligne
Traduction simultanée en français et en japonais

Paul JOBIN (Academia Sinica)
« Les procès de Fukushima en perspective avec d’autres plaintes collectives en France et à Taiwan »

Comme les nombreuses catastrophes industrielles qui ont marqué l’histoire du Japon moderne et contemporain, la catastrophe nucléaire de mars 2011 a donné lieu à de nombreux litiges réunissant plusieurs milliers de plaignants à travers tout le Japon. Outre un procès pénal dont l’initiative revient à un mouvement citoyen inédit, on relève une trentaine de plaintes collectives au civil et deux au tribunal administratif. Ces procès posent des questions fondamentales sur l’origine de cette catastrophe et, compte tenu du problème des radiations, son devenir. À travers des comparaisons avec des affaires analogues en France et à Taiwan, je tâcherai de montrer qu’en dépit des montants faibles d’indemnisation, ces procès n’en sont pas moins très importants pour le Japon contemporain, ainsi que pour d’autres procès portant sur des dommages industriels et technoscientifiques.


MANAGI Izutarō (avocat)
« “Rendez-nous notre source de travail !” (nariwai soshō) : objectifs et portée d’une bataille judiciaire pour les victimes de Fukushima »

Parmi les nombreux procès intentés par les victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima, celui qui a pris pour mot d’ordre « Rendez-nous notre source de travail, rendez-nous notre région ! », inclut le plus grand nombre de plaignants (environ 4 500). Ceux-ci demandent que le gouvernement et Tepco soient tenus responsables, que les victimes retrouvent leur cadre de vie initial et qu’elles soient indemnisées pour les dommages subis. Considérant l’accident nucléaire comme une forme de pollution, les plaignants font entendre leur voix dans et en dehors de l’arène judiciaire pour 1) rétablir leur environnement ; 2) apporter une aide complète à toutes les victimes ; et 3) sortir du nucléaire. Ce procès dit nariwai qui vise principalement à rétablir les moyens de subsistance des victimes de l’accident nucléaire présente des caractéristiques assez distinctes d’autres litiges similaires. Dans leur ensemble, les procès liés à la catastrophe nucléaire de Fukushima s’inscrivent dans la lignée des contentieux en matière de pollution industrielle (kōgai soshō), tout en incorporant de nouvelles stratégies, pouvant ainsi servir de modèle pour des contentieux futurs, et le cas échéant, des changements de politique publique. Nous aborderons ainsi l’influence de ce procès sur le plan législatif et institutionnel en analysant d’une part les stratégies judiciaires et extrajudiciaires déployées par les plaignants et, d’autre part les décisions de justice déjà rendues. En admettant que cette façon de faire entendre sa voix puisse engendrer un changement social, nous interrogeons le rapport entre la souveraineté politique du peuple et la responsabilité de l’État.

YOKEMOTO Masafumi (univ. municipale d’Osaka) 
« Les actions collectives des victimes de l’accident de la centrale nucléaire et les changements de politique en matière de reconstruction et d’indemnisation des victimes »

Les procès anti-pollution dans le Japon d’après-guerre ont permis de clarifier la responsabilité des auteurs de différents cas de pollution et, ce faisant, ils ont étendu les effets du recours au droit aux politiques publiques, notamment à travers l’instauration de systèmes visant à dissuader les pollueurs. Par exemple, dans le cas de Yokkaichi, la reconnaissance de seulement neuf plaignants par les tribunaux a suffi pour confirmer la responsabilité juridique des entreprises concernées et contribuer à instaurer la loi de 1973 pour l’indemnisation des dommages sur la santé dus à la pollution, et procurer des réparations à plus de cent mille victimes de la pollution de l’air. Outre une indemnisation pour eux-mêmes, les plaignants engagés dans les actions collectives suite à l’accident nucléaire de Fukushima visent eux aussi une révision des politiques de reconstruction, un soutien systématique aux victimes de la catastrophe et le rétablissement de leurs droits. La politique actuelle dite de « reconstruction » (fukkō) de Fukushima tend à donner la priorité à la restauration et à l’entretien des infrastructures au détriment de soutiens individuels directs. Or, sans des mesures de soutien adaptées pour rétablir la vie de chaque personne, il est vain d’espérer une quelconque reconstruction collective à long terme. Il importe donc de suivre de près les efforts des victimes engagées dans ces actions collectives pour influencer les politiques publiques et les mesures de soutien qui leur sont destinées.

Discutante : Rina KOJIMA (LATTS, univ. Gustave Eiffel).
Modératrice : Adrienne SALA (IFRJ-MFJ)

MESURES RELATIVES AU CORONAVIRUS

En raison de l’épidémie du coronavirus (COVID-19), nos événements en ligne ont lieu sur la plateforme Zoom.
Un e-mail d’invitation, avec un ID de réunion et un mot de passe, sera envoyé à l’adresse indiquée lors de votre inscription sur notre site internet. Merci de bien vouloir les entrer dans l’application Zoom afin de participer à l’événement.
Attention à écrire correctement votre adresse mail.
Pour plus d’informations sur les modalités d’adhésion, veuillez consulter : www.youtube.com/watch?v=KR6IJM6PRFk
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Conférence : “Judiciarisation des enjeux sociaux et environnementaux au Japon et en France”, (Maison franco-japonaise, 20 janvier 2021, 18h-20h)

L’Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise a le plaisir de vous inviter à la première conférence du cycle « Judiciarisation des enjeux sociaux et environnementaux au Japon et en France ».

MESURES RELATIVES AU CORONAVIRUS
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Préjudice écologique, responsabilité de l’État, 
contentieux climatiques et droit de l’environnement

Mercredi 20 janvier 2021
18 h – 20 h
En ligne
Traduction simultanée en français et en japonais


Eve TRUILHÉ 
(CNRS, CERIC-UMR DICE) 
« Judiciarisation des enjeux environnementaux en Europe, l’exemple du climat »
Résumé :
Il s’agira de montrer d’abord l’accroissement du recours au procès pour faire face à l’inaction climatique des gouvernements nationaux et de l’Union européenne. Au-delà des manifestations de ce phénomène (plusieurs recours en France, dans le cadre de l’UE et de la CEDH) il s’agit d’en évoquer les causes. Ensuite, je pense analyser les enjeux de ce recours accru au juge : étude des principaux obstacles procéduraux et des moyens de les surmonter à travers l’analyse de plusieurs recours, contre l’État français, en instance devant le conseil d’État ; rejetés par la CJUE ; et dont la recevabilité vient d’être acceptée par la CEDH.
OKUBO Noriko  (univ. d’Osaka)
« Le procès environnemental au Japon : vers une réforme du contentieux ? »
Résumé : 
La Constitution et le droit japonais ne comportent pas de dispositions relatives aux droits environnementaux, à la différence de la France. Dans plusieurs cas de pollution graves telle que la maladie de Minamata, les juges ont reconnu la responsabilité des entreprises ainsi que la responsabilité de l’État pour défaut d’exercice des pouvoirs réglementaires entraînant des dommages causés à la vie et à la santé. Toutefois, contrairement à la France, les recours d’intérêt public en matière d’environnement n’ont pas été introduits et ni les actions en réparation du préjudice écologique, ni les actions en justice intentées par des groupes environnementaux ne sont reconnues, en particulier dans le domaine de la protection de la nature et des biens culturels. Le changement climatique n’est pas suffisamment reconnu comme un enjeu fondamental du point de vue des droits de l’Homme, et la tenue de procès relatifs au changement climatique y est rendue plus difficile qu’en Europe. Une réforme du contentieux est donc nécessaire au Japon pour permettre les recours collectifs en matière d’environnement, conformément au respect de l’État de droit.
Isabelle GIRAUDOU (univ. de Tokyo)
« Les procès climatiques : un objet charnière de l’enseignement du droit dans l’anthropocène »
Résumé :
Le droit global du changement climatique fait partie de ces nouveaux objets de l’enseignement juridique qui, devenus incontournables, continuent pourtant d’embarrasser. Le contentieux climatique est à cet égard exemplaire : bousculant déjà chez les enseignants et leurs étudiants certaines représentations familières, cet enfant terrible des cours de droit pourrait bien conduire à une transformation plus profonde de nos pratiques de formation. Comment et à quelles conditions ? Nous examinerons cette question à partir de quelques exemples tirés de la pratique de l’enseignement du droit au Japon, en particulier dans le contexte de nouveaux programmes universitaires multi- ou interdisicplinaires.
Discutante : TAKAMURA Yukari (univ. de Tokyo) 
Modératrice : Adrienne SALA (IFRJ-MFJ)

Inscription obligatoire : www.mfj.gr.jp/agenda/2021/01/20/judiciarisation/