[Conférence] « Escaping from Haole Domination: Japanese Migrants from Hawai’i to Nan’yo »(Global Japon, 19 mai 2022, 13h-15h)

Dans le cadre du Global Japon(s), le Centre de recherches sur le Japon a le plaisir de vous inviter à la conférence :

Escaping from Haole Domination: Japanese Migrants from Hawai’i to Nan’yo

Mariko IIJIMA (Sophia University)

Jeudi 19 mai 2022, 13h-15h
Salle AS1_24, EHESS, 54 boulevard Raspail 75006 Paris

La séance aura lieu uniquement en présentiel. Merci de vous inscrire par email afin de recevoir les documents préalables à la discussion.

Inscription

[Appel à communications] « Gēmu : qu’est-ce qu’un jeu vidéo “japonais” ? (date limite des candidatures 15 décembre 2022)

Appel à communications

Gēmu : quest-ce quun jeu vidéo japonais” ?

Appel à communication pour une journée d’étude organisée à Lyon le 11 mai 2023

Organisateurs : Julien Bouvard (IETT, Université Jean Moulin – Lyon 3) et Grégoire Sastre (CRJ-Ehess, Université Cergy Paris)

 Informations pratiques

  • La journée d’étude se tiendra à Lyon le jeudi 11 mai 2023
  • Les communications (30 minutes) seront en français.
  • Les abstracts (nom, affiliation, titre et résumé de 15 lignes environ) devront être envoyés avant le 15 décembre 2022 aux adresses mail des organisateurs : gregoire.sastre[at]cyu.frjulien.bouvard[at]univ-lyon3.fr 

Argumentaire

Depuis les années 1970, le Japon tient une place majeure dans la production vidéoludique mondiale. Tout le monde connaît les noms de Nintendo, Sega, Taito, Namco et plus récemment Sony, acteurs d’un vaste marché qui commence dans le jeu d’arcade et s’étend aujourd’hui jusqu’au jeu mobile. Leur incontestable succès international a largement contribué à associer le pays à ces objets vidéoludiques, au point que le Japon a longtemps été perçu comme un eldorado du jeu vidéo, en avance sur le reste du monde. Paradoxalement, c’est au moment où le Japon entrait dans une période de récession économique – l’ère Heisei 1989-2019 – que sa culture populaire, dont la production vidéoludique, devenait l’un des emblèmes contemporains du pays, ce qui a nourri quelques espoirs en matière de Soft Power dans les années 2000 (Iwabuchi 2002).

Or, il nous semble nécessaire de nous interroger sur ce qu’est un jeu vidéo japonais. Nous nous demanderons ainsi ce qu’est un gēmu, en reprenant le terme proposé par Martin Picard (Picard 2013) pour le différencier de la production mondiale.

Cette journée d’étude a pour objectif de discuter les spécificités d’un jeu vidéo “japonais” ou “à la japonaise” en tentant d’en définir des balises dans plusieurs domaines, correspondant à plusieurs approches méthodologiques. 

En tant qu’objet, d’abord, celui-ci est défini par son historicité. Des premiers jeux produits par des entreprises japonaises, tels que les clones de Pong par Taitō dans les années 1970, jusqu’aux sorties actuelles telles que Elden Ring(2022), le medium a considérablement évolué, autant dans sa forme que dans ses processus de production ou dans son ampleur économique. L’une des particularités de l’industrie vidéoludique tient, sans doute davantage que pour toute autre industrie culturelle, à sa nature profondément globale. Dans le cas du Japon, le lien très puissant avec les États-Unis se retrouve dans la création de sociétés transnationales comme Sega, ou dans les accords internationaux de développement ou de distribution qui constituent des étapes importantes dans l’histoire du jeu vidéo japonais.

Comme tout produit culturel, le jeu vidéo (japonais) est d’abord une industrie. La question est triple : il s’agit ici de savoir quelle est la place de cette économie dans le contexte japonais, quelle relation s’établit entre cet objet et l’industrie des loisirs, et quelle est son histoire particulière (Hendry, Raveri 2001). 

On sait à quel point les franchises transmédiatiques japonaises se sont développées grâce à un astucieux media mix (Steinberg 2012). Les jeux vidéo s’intègrent parfaitement à ce cocktail médiatique mêlant jeu vidéo, film, manga, dessin animé ou produit dérivé, une synergie qui capitalise sur la popularité d’une série pour en assurer le succès commercial en dépassant les frontières médiatiques. Au-delà des aspects économiques du phénomène, on peut s’interroger sur les transferts esthétiques et narratifs entre ces médias, à la manière d’Azuma Hiroki qui évoque le “réalisme vidéoludique” comme l’une des pierres angulaires de la culture otaku contemporaine (Azuma 2007). Les formes de narration propres du jeu vidéo se seraient ainsi déplacées vers d’autres médias, engendrant des récits à narration éclatée, comparables à des “run” de jeu vidéo.

S’interroger sur le jeu vidéo japonais nécessite également de réfléchir aux lieux relatifs aux pratiques du jeu vidéo au Japon. Il faut ainsi examiner la place des salles d’arcade (Pelletier-Gagnon 2019) et les modes de consommation du jeu vidéo qui y sont mis en place avec leurs sociabilités propres, mais aussi les manières originales de se réapproprier les personnages issus de cet écosystème médiatique dans l’espace public japonais (Ernest dit Alban 2019).

Il s’agit également d’aborder les jeux japonais en tant que productions de l’esprit, proposant des grammaires vidéoludiques originales, qui sont pour certaines nées au Japon et qui définissent parfois des genres considérés comme spécifiquement japonais (JRPG, jeux de combat, Tactical RPG, Shmup, Visual Novel, etc.). Dans cette logique, quelles sont les influences croisées entre productions japonaises et productions étrangères ? À l’inverse, existe-t-il des jeux “trop” japonais pour franchir les frontières de l’archipel ?

Aborder le sujet du jeu vidéo japonais, c’est aussi se confronter à des représentations du monde qui ne correspondent pas toujours aux préconceptions occidentales du domaine. La “masculinité militarisée” (Kline 2003), concept souvent mobilisé dans les Game studies pour définir une représentation paradigmatique dans le jeu vidéo apparaît, à plusieurs égards insuffisant, voire erroné, quand il s’agit de définir le prototype du jeu vidéo à la japonaise. Les joueurs PC masculins au Japon préfèrent manifestement les histoires d’amour (Bouvard, Triclot, 2019) aux récits militaires héroïques d’un Call of Duty.

En dehors du cadre universitaire, le jeu vidéo japonais est souvent l’objet d’articles dans la presse vidéoludique occidentale. Il est donc identifié comme tel, par des journalistes, mais aussi par des joueurs qui ont eux-mêmes une idée de ce que doit être un jeu vidéo “japonais”. Il est donc nécessaire de comprendre comment ce discours s’est constitué et dans quelle mesure il entretient notamment des clichés orientalistes.

Enfin, il faut aborder la place du Japon dans les jeux vidéo, c’est-à-dire des représentations du Japon à l’intérieur du medium. Qu’ils soient japonais ou étrangers, nombre de jeux utilisent le Japon comme toile de fond. On pense à Ghost of Tsushima (2020) dont la volonté d’authenticité, malgré de nombreux raccourcis, a été un argument de vente. De tels questionnements ne doivent pas se limiter aux jeux non japonais, mais également s’emparer des jeux japonais qui, en miroir, même lorsqu’ils sont ancrés dans des espaces imaginaires ou des représentations que l’on pourrait juger “occidentales”, comme ceux réalisés par Miyazaki Hidetaka (Dark SoulsElden Ring, etc.) ou par Miyamoto Shigeru (MarioZelda, etc.) participent tout autant à la création d’une image du Japon que d’un « jeu vidéo japonais ».

C’est à travers ces différentes entrées que nous souhaitons traiter le sujet du jeu vidéo japonais, en réunissant des universitaires de tous horizons, afin d’établir des ponts entre les études japonaises, les Game studies, et d’autres champs ou disciplines comme l’histoire, la littérature, la sociologie ou l’anthropologie.

Julien Bouvard et Grégoire Sastre

Bibliographie indicative

AZUMA Hiroki, Gêmu teki riarizumu no tanjô – dôbutsuka suru posutomodan 2 (la naissance du réalisme vidéoludique – la postmodernité animalisante 2), Tôkyô, Kôdansha, 2007.

BOUVARD Julien, TRICLOT Mathieu,  « « Les 17 ans éternels » : apprendre à jouer à Clannad », in BERRY Vincent, ANDLAUER Leticia, Jeu vidéo et adolescence, Presses de l’Université de Laval, 2019, p.149-176.

ERNEST DIT ALBAN Edmond, Le recyclage comme moteur de la fabrique de lespace social (et piéton) du sanctuaire féminin otaku dOtome-Road à Ikebukuro, thèse de doctorat, Université Paris 8 – Université Concordia, 2019.

HENDRY J. & RAVERI M. (dir.), Japan at Play, Londres, Routledge, 2001.

HUTCHINSON Rachael, Japanese Culture Through Videogames, Londres, Routledge, 2019.

HUTCHINSON Rachael, PELLETIER GAGNON Jérémie, Japanese Role-Playing Games: Genre, Representation, and Liminality in the Jrpg, Lexington, Lexington Books, 2022.

STEINBERG Marc, Animes Media Mix: Franchising Toys and Characters in Japan, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2012.

KLINE Stephen (dir.),, Digital Play, Montreal & Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2003.

PELLETIER GAGNON Jérémie, Playing in Public: Technological Trajectories and Gamers’ Strategies in Japanese Game Centers, thèse de doctorat, University of Alberta, 2019.

PICARD Martin, « The Foundation of Geemu: A Brief History of Early Japanese video games », Game Studies, volume 13, issue 2, décembre 2013. http://gamestudies.org/1302/articles/picard

[Appel à publications] Collection de livre numérique « Civilisations de l’Asie orientale » du CRCAO

Le CRCAO-UMR 8155 a choisi de refonder sa collection de livres numériques lancée en 2018. 

La série Civilisations de l’Asie orientale publie des ouvrages de recherche dans les domaines aréaux correspondant aux activités du laboratoire CRCAO : aires culturelles chinoise, japonaise, tibétaine, et plus généralement ensemble de l’Asie orientale.

Les domaines disciplinaires concernés sont ceux correspondant aux activités des membres du CRCAO : histoire, histoire de l’art et esthétique, archéologie, littératures, philologie, religions et histoire religieuse, philosophie, anthropologie, sciences sociales et politiques.

La publication dans la série n’est PAS réservée aux membres du CRCAO. Tous les spécialistes de l’Asie orientale travaillant dans les domaines aréaux et disciplinaires mentionnés peuvent soumettre des manuscrits.

Toutes les informations sont disponibles sur cette page : https://www.crcao.fr/les-editions/presentation/

[Poste] Recrutement d’un ATER à Sciences Po Lyon « Science politique » ou « Langues chinoises, japonaises » (date limite des candidatures : 20 mai 2022)

Sciences Po Lyon ouvre un poste d’ATER sur l’Asie.

Poste  : Sections : 04 et / ou 15 « Science politique » ou « Langues chinoises, japonaises » 

Fiche de poste en PDF

Procédures de candidature : https://www.sciencespo-lyon.fr/fr/sciences-po-lyon/recrutement

Profil : Des compétences requises dans l’un ou plusieurs de ces domaines d’expertise : Histoire politique économique et institutionnelle de la Chine ou du Japon ; Sociologie politique de la Chine ou du Japon ; Questions sécuritaires en Chine ou au Japon.  

Profil Enseignement : Être en mesure d’enseigner plusieurs des cours ci-dessous :
– Cours magistraux (CM) ou Conférences de méthodes (CDM) dans le cadre du Diplôme d’Établissement (DE) sur l’Asie orientale contemporaine (DEMEOC) (1e et 2e années) sur la Chine ou le Japon, ainsi que sur des thématiques transversales à la région asiatique. 
– Interventions dans la spécialité AFASIA (Affaires internationales asiatiques : Entreprise et Analyse) de la 5e année de l’IEP.- Conférences de méthodes (CDM) en Sociologie politique de l’international (4e année – secteur Affaires internationales).- Conférences de méthodes (CDM) en Méthodes des sciences sociales (2e année) : encadrement des étudiants dans la pratique des enquêtes qualitatives et ou quantitatives, études des différentes méthodes d’enquêtes (cours sur les deux semestres). 
– ou Conférences de méthodes (CDM) en sociologie politique (1ère année)- Quotité : temps plein – prise de poste au 1er septembre 2022. Clôture de la candidature le 20 mai.

[Colloque] « Samouraï, au-delà du combat » (Musée Guimet, samedi 14 mai, 10h30-17h30)

COLLOQUE

Sam. 14/05 de 10h30 à 17h30

SAMOURAÏ, AU-DELÀ DU COMBAT

Auditorium

Gratuit dans la limite des places disponibles

Réservation obligatoire : resa[at]guimet.fr

La fascination pour l’art martial des samouraïs et pour les valeurs qui lui sont attachées stimule depuis longtemps nombre d’approches ou de productions culturelles. Elle occulte cependant parfois d’autres facettes ou d’autres apports de cette classe sociale à la culture du Japon. Comment déjouer les contresens ou les paradoxes créés par cette fascination ? Comment mettre en lumière l’apport d’autres aspects de la culture des samouraïs au Japon et au-delà ? Cette journée thématique réunit des spécialistes de plusieurs disciplines pour enrichir, nuancer ou dépasser les perceptions liées à la valorisation des valeurs martiales.

10h30-11h15 : Pierre-François Souyri : Samouraïs Au-delà des idées reçues

11h15-12h : Daniel Struve : La représentation des guerriers dans l’œuvre d’Ihara Saikaku.

12h-12h45 : Estelle Bauer : Des peintures de bataille pour des guerriers en chambre

14h30-15h15 : Delphine VOMSCHEID :  L’habitat des samouraïs de la ville de Kanazawa : le cas du quartier de Nagamachi

15h15-16h00 : Maïlys Pène-Lassus : Les figures guerrières dans l’œuvre de Hayao Miyazaki, entre fascination et pacifisme

16h15-16h45 : Luc Petton : Duo chorégraphié autour du kata traditionnel d’Okinawa : Chatanyara.

16h45 : Échanges avec le public

Série Vie de Yoshitsune – Épisode IX : Le combat de Ushiwakamaru et Benkei sur le pont Gojo à Kyoto, Utagawa Hiroshige (1797-1858)

Japon, époque d’Edo, deuxième quart du 19e siècle, Estampe nishiki-e, 22 × 35 cm

MNAAG, EO 2508 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

[Conférence] « Être journaliste au Japon » (MCJP, samedi 14 mai, 14h-15h30)

La Maison de la culture du Japon à Paris vous invite à assister à la conférence « Être journaliste au Japon », organisée demain, samedi 14 mai à 14h, qui donnera l’occasion à César Castellvi de présenter son ouvrage Le dernier empire de la presse – Une Sociologie du journalisme au Japon, paru chez CNRS Éditions en début d’année, avant de discuter avec la journaliste Leiko Sakurada, directrice du bureau parisien de l’agence Jiji Press, de ce que signifie faire carrière dans les médias nippons, de la condition des femmes dans les rédactions et de l’avenir d’une industrie qui fait face à de nombreux défis. 

La discussion sera animée par Hitoshi Suzuki, président de la Maison de la culture du Japon à Paris, qui a consacré sa carrière au journalisme au sein de la chaîne nationale japonaise, la NHK.
L’entrée est gratuite. Vous pouvez réserver votre place sur la page suivante : https://www.mcjp.fr/fr/agenda/etre-journaliste-au-japon

Contact : e.brena[at]mcjp.fr

[Colloque] « Usages et valeurs du noir en Asie de l’Est » (7-9 juin 2022, INHA et Inalco)

Usages et valeurs du noir en Asie de l’Est (Paris)

Colloque international organisé par Isabelle Charrier (CEEI) et Marie Laureillard (IFRAE et CEEI)

Date : Du 07 Juin 2022 au 09 Juin 2022
En Ligne : https://ceei.hypotheses.org/11875

Adresse : le mardi 7 juin 2022 à l’INHA (Institut National d’Histoire de l’Art, 2 rue Vivienne, 75002 Paris), les mercredi 8 et jeudi 9 juin 2022 à l’Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales, 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris

Présentation

Ce colloque, qui se déroulera le premier jour à l’INHA et les deux autres jours à l’Inalco, se donne pour but d’explorer la richesse conceptuelle de la notion de noir et la multiplicité des enjeux qu’elle ouvre dans l’étude du texte, de l’écriture, de l’image, des formes mixtes. Il s’inscrit dans le cadre du projet « Sources visuelles, sources textuelles » de l’axe 1 de l’IFRAE.

Les théories esthétiques et sémiotiques du noir, les fonctions et usages du noir dans les écritures et les arts graphiques, le rapport vide / plein dans la création, le vocabulaire du noir (comparaisons linguistiques et constructions culturelles), le rôle du noir en littérature, dans les nouveaux médias et en design, photographie et cinéma seront abordés. Les interventions, qui auront trait à l’Asie orientale avec une incursion au Vietnam et en Inde, relèveront de multiples disciplines.

La première journée sera consacrée à la signification fondamentale du noir et aux cinq couleurs de l’encre à travers les arts traditionnels de la peinture à l’encre et de la calligraphie, parallèlement à une réflexion sur l’expression graphique représentée par la typographie et la gravure sur bois.

La deuxième journée abordera le noir dans la littérature chinoise, japonaise et coréenne (poésie, essai, roman). L’après-midi sera consacré au noir dans sa matérialité avec les miniatures indiennes, la céramique, le design et l’art contemporain de l’Asie de l’Est.

La troisième journée accordera une grande place au cinéma et à la photographie des trois pays (Chine, Corée, Japon) ainsi qu’au jeu vidéo. L’après-midi sera réservé au rôle du noir dans la modernité à travers la peinture d’Extrême-Orient et les pratiques spécifiques de la laque au Vietnam et de l’estampage au Japon et en Corée.  Le colloque s’accompagnera d’une exposition intitulée « Les cinq couleurs de l’encre », organisée le 8 juin par Lia Wei à la galerie de l’auditorium de l’Inalco.

Lien vers la page de l’événement : https://ifrae.cnrs.fr/2022/05/11/usages-et-valeurs-du-noir-en-asie-de-lest/

Poster du colloque en PDF

Programme

1er jour : mardi 7 juin 2022

INHA (Institut National d’Histoire de l’Art), salle Benjamin (9h-18h30)

Matin

9h15-9h30 : Introduction par Isabelle CHARRIER et Marie LAUREILLARD

Session 1 : Du chaos originel aux couleurs de l’encre

Présidence de session : Véronique ALEXANDRE JOURNEAU (Creops-Sorbonne Université, Langarts)

9h30-10h : Mei MERCIER (IFRAE)
Xuan 玄 : une couleur profonde et mystérieuse dans la culture chinoise

10h-10h30 : ABE Kuniko (Akita International University)
La spiritualité et la quête du principe vital, l’âme, la valorisation de l’instant à l’encre noire par Sesshū Tōyō (sur Zoom)

10h30-11h : SATO Yoriko (Kobe Kaisei College)
La calligraphie traditionnelle japonaise : l’art du maître Murakami Santō (sur Zoom)

11h-11h20 : Questions

11h20-11h30 : Pause

11h30-12h : HWANG Ju-yeon (Inalco, IFRAE)
Fabrique de la tradition : le noir et la terre locale chez Chŏng Sŏn (1676-1759)

12h-12h30 : LIU Chiaomei (National Taiwan University, CEEI)
Les peintures chinoises de la collection Henri Cernuschi et l’art de l’encre chez les impressionnistes (sur Zoom)

12h30-12h45 : Questions

12h45-14h15 : Déjeuner

Après-midi

Session 2 : Le graphisme et le noir 

Présidence de session : Pierre CAMBON (Musée Guimet)

14h15-14h45 : DO Yoon-Jung (Université INHA, CEEI)
La richesse du noir dans les albums pour enfants de Suzy Lee (sur Zoom)

14h45-15h15 : Manuela MOSCATIELLO (Musée Cernuschi)
Le noir dans l’œuvre peinte et gravée d’Itô Jakuchû

15h15-15h45 : Delphine MULARD (Université de Strasbourg, laboratoire GEO UR 1340)
L’usage du noir dans les illustrations des livres de lecture de Katsushika Hokusai 

15h45-16h05 : Questions

16h05-16h15 : Pause

16h15-16h45 : Victor THIBOUT (Creops-Sorbonne Université)
Gris typographique et caractères chinois

16h45- 17h15 : LI Shiyan (Aix-Marseille Université, LESA)
Usages et valeurs du lavis d’encre dans les époques modernes et contemporaines en Chine 

17h15-17h45 : Lia WEI (Inalco, IFRAE)
Les cinq couleurs de l’encre : à propos de l’exposition du 8 juin à l’Inalco

17h45-18h15 : Questions

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2e jour : mercredi 8 juin 2022

Inalco, salle 5.09 (8h30-19h)

Plusieurs visites de l’exposition « Les cinq couleurs de l’encre », organisée par Lia WEI en écho au colloque, seront proposées pendant la journée à la galerie de l’auditorium.

10h : ouverture de l’exposition

10h45 : visite guidée par Manon KBIDI

13h30 : visite guidée par Anna LE MENACH, Paula SUMERA

15h45 : visite guidée par Mina KOUAME

18h : visite guidée par Lia WEI

19h : fermeture de l’exposition

Matin

Session 3 : Le noir littéraire 

Présidence de session : Valérie LAVOIX (Inalco, IFRAE)

8h30-9h : HWANG Hye-young (Université de Seowon)
Les prunelles à l’encre éclaboussée, point focal du portrait dans le « Maître fou » de l’écrivain Kim Dong-in 

9h-9h30 : ZHANG Rui (Inalco, IFRAE)
Prunus en fleurs à l’encre noire à la croisée de la peinture et de la poésie dans la Chine classique (sous réserve)

9h30-10h : Michel VIEILLARD-BARON (Inalco, IFRAE)
Le noir dans la poésie japonaise classique (waka)

10h-10h20 : Questions 

10h20-10h30 : Pause

10h30-11h :

Anne BAYARD-SAKAI (Inalco, IFRAE)
La part d’ombre – à propos d’Éloge de l’ombre de Tanizaki Jun.ichirô

11h-11h30 : XU Shuang (Université Paris Cité, CRCAO)
L’obscurité : « la clameur du langage qui ne trouve pas de lèvres »  

11h30-12h : Marie LAUREILLARD (Université Lyon 2, IFRAE, CEEI & Langarts)
Shanghai années 1930 en noir et blanc : les arts graphiques de Ye Lingfeng à Cao Hanmei et leurs échos littéraires

12h-12h20 : Questions

12h20-13h30 : Déjeuner

13h30 : Visite de l’exposition « Les cinq couleurs de l’encre » (galerie de l’auditorium)

Après-midi

Session 4 : Matérialités du noir

Présidence de session : Michael LUCKEN (Inalco, IFRAE)

14h30-15h : Édith PARLIER-RENAULT (Sorbonne Université, Creops)
L’usage du noir dans les miniatures rajpoutes (XVIIe-XVIIIe siècles) (sous réserve)

15h-15h30 : Pierre CAMBON (Musée Guimet, Langarts)
Le noir comme univers dans l’art contemporain en Corée : Lee Bae et Bae Bien-u deux approches, deux parcours

15h30-15h50 : Questions

15h50-16h : Pause

16h-16h30 : Isabelle CHARRIER (Université Paris 8, CEEI, Langarts)
Matérialité et esthétique du noir : les bols à thé dans le style du wabi cha 侘び茶 à l’époque Momoyama (1573-1603) et la création contemporaine 

16h30-17h :  Sumiko OE-GOTTINI (Inalco, IFRAE)
Sensation-soustraction, le noir dans le design au Japon

17h-17h30 : HU Jiaxing (Muséum national d’Histoire naturelle, CEEI)            
Mille couches d’encre et mille gestes chez Yang Jiechang 

17h30-18h : Questions

18h-19h : Visite de l’exposition « Les cinq couleurs de l’encre » (galerie de l’auditorium)

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3e jour : jeudi 9 juin 2022

Inalco, salle 5.09 (8h30-18h30)

Session 5 : L’attrait du noir sur l’écran

Présidence de session : Luisa PRUDENTINO (Inalco, CERLOM)

8h30-9h : Antoine COPPOLA (Université Sungkyunkwan, Séoul) 
Le travail sur le noir et blanc dans le film coréen « Obaltan » et sa dimension expressionniste (sur Zoom)

9h-9h30 : Mathieu CAPEL (Université de Tokyo)
Noirs profonds et noir de surface : passes d’armes critiques dans le cinéma japonais à l’aube des années 1970 (sur Zoom)

9h30-10h : Christine VIAL KAYSER (Héritages-CYU et Creops-Sorbonne Université)
Le passage de la vie à la mort ou l’image en noir et blanc dans les vidéos de Yang Fudong (sous réserve)

10h-10h20 : Questions

10h20-10h30 : Pause

10h30-11h : Teddy PEIX (Université Paris 1)
La photographie japonaise après Fukushima

11h-11h30 : Jean LOH (Curateur photo, galerie Beaugeste Shanghai)
Le noir dans la photographie chinoise

11h30-12h : Chloé PABERZ (Inalco, IFRAE)
Danger et obscurité dans les représentations du jeu vidéo en Corée du Sud (sur Zoom)

12h-12h30 : Jacline MORICEAU (Langarts)
Côtés et à-côtés du noir dans l’œuvre du cinéaste japonais Teshigahara Hiroshi       

12h30-12h50 : Questions

12h50-14h15 : Déjeuner

Session 6 : Variations en noir

Présidence de session : Christine VIAL KAYSER (Héritages-CYU et Creops-Sorbonne Université)

14h15-14h45 : INAGA Shigemi (Université Seika, Kyoto)
Velasquez, Édouard Manet, Auguste Renoir et Tessai – la destinée du noir dans la modernité (sur Zoom)

14h45-15h15 : KANG Yoewool (Yonsei University)
The Harmony of Calligraphy and Painting, Black and Color in Park Dae-sung’s Art (sur Zoom)

15h15-15h45 :  Jean-François HUBERT (Senior Expert en art du Vietnam, Christie’s).
Le noir, revendiqué dans l’art de la gouache sur soie, masqué dans l’art de la laque, au Vietnam au XXe siècle

15h45-16h05 : Questions

16h05-16h15 : Pause

16h15-16h45 : Okyang CHAE-DUPORGE (Université Bordeaux-Montaigne, CREOPS)
Le noir dans la peinture monochrome coréenne Dansaekhwa

16h45-17h15 : Mary PICONE (École des hautes études en sciences sociales, CCJ)
Estampages contemporains au Japon et en Corée : pratiques artistiques et critiques d’Okabe Masao et Suh Do-ho

17h15-17h30 : Questions

17h30 : Conclusions du colloque par Christine VIAL KAYSER, Isabelle CHARRIER et Marie LAUREILLARD.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxhttp://www.inalco.fr/evenement/usages-valeurs-noir-asie

https://ifrae.cnrs.fr/2022/05/11/usages-et-valeurs-du-noir-en-asie-de-lest/

http://www.inalco.fr/evenement/exposition-cinq-couleurs-encre

[Exposition] « Les cinq couleurs de l’encre »(Inalco – 8 juin 2022, 10h-19h)

Exposition « Les cinq couleurs de l’encre »

Dates : Mercredi 8 juin 2022 – 10:00 – 19:00Lieu : Galerie du Pôle des Langues et Civilisations (65, rue des Grands Moulins – 75013 Paris) 

Une exposition organisée par Lia Wei (IFRAE, Maître de conférences en histoire des arts de la Chine, Inalco).

Equipe curatoriale : Manon Kbidi, Mina Kouame, Anna Le Menach et Paula Suméra (étudiantes à l’Inalco). 

En écho au colloque « Usages et valeurs du noir en Asie de l’Est » (Isabelle Charrier et Marie Laureillard, CEEI-IFRAE).

Plutôt que de comprendre le « noir » comme une couleur, cette exposition choisit de se questionner sur les devenirs multiples de la tradition de l’encre en Asie de l’Est, un héritage partagé par les 25 artistes peintres, calligraphes, plasticiens, céramistes, photographes et graveurs présents tout au long du parcours.

Liste des artistes

ADACHI Takeo, ARASE Kaname, CONG Peibo, FUTAMURA Yoshimi, HU Jiaxing, HU Jie, JIANG Hanxuan, KIM Hyeonsuk, Lia WEI, Lithic Impressions, LIU Tianyu, MA Desheng, MATSUTANI Takesada, MURAKAMI Santo, ONODERA Yuki, TANG Kaizhi, WATASE Yoko, WU Jialin, XU Demin, YE Xin, Yolaine ESCANDE, YU Li, ZHANG Qiang , ZHAO Fei, ZHU Pengfei.


Le parcours en cinq étapes : technique, matière, couleur, sujet et geste

Le parcours proposé part du double héritage technique porté par les artistes contemporains chinois, coréens et japonais : la « technique de l’encre » (墨法) et la « technique du pinceau » (筆法). Bien que ces techniques – ou méthodes – soient perçues comme complémentaires, la qualité d’une œuvre à l’encre est bien souvent jugée à travers le maniement du pinceau, un outil associé à la pratique de la calligraphie. 

Dans un deuxième temps, le parcours s’intéresse à une série d’artistes qui abandonnent le pinceau pour retourner au sens premier de l’encre comme matière, que l’on retrouve dans l’étymologie du caractère mo 墨 (le noir 黑 au-dessus de la terre 土). 

Associée au noir, l’encre est aussi connue dans les premiers traités d’esthétique chinois pour ses « cinq couleurs ». Le chiffre cinq se veut exhaustif ; il fait écho aux directions cardinales et leur centre, aux cinq éléments, dans une ambition civilisatrice et totalisante. Les traités ultérieurs, souvent de la main de praticiens, affinent l’énumération des qualités de l’encre, en proposant des nuances plus concrètes comme, outre le noir et le blanc, le sec et le mouillé, le dense et le léger. 

Afin d’éviter l’idéal d’un art lettré stérile et hors du temps, l’exposition intègre la démarche d’artistes qui capturent des sujets figuratifs et actuels en s’emparant du réel par le noir, sous la forme de photographies, xylographies et estampages. Finalement, les gestes de l’artiste qui, du bout du pinceau ou à bras le corps, noircissent d’encre leurs œuvres, clôtureront ce parcours. 

Choix curatoriaux et la question des valeurs

Calligraphie moderne et art de l’encre contemporain en Extrême-Orient sont volontiers confondus avec « expressionisme abstrait ». Notre sélection d’œuvres s’efforce de dépasser cette vision globalisante de l’histoire de l’art moderne, qui éclipse la spécificité culturelle de ses expressions. Un autre écueil que nous avons voulu éviter : la réduction de toute démarche artistique contemporaine en Asie de l’Est à un dialogue binaire entre tradition et modernité.

L’expression picturale en Extrême-Orient partage ses outils, matériaux et techniques avec l’art de l’écriture. Ainsi, une véritable hiérarchie des genres picturaux se base sur le degré de virtuosité calligraphique que laisse transparaître une œuvre, qui s’accompagne d’une rhétorique quant à la supériorité de l’encre monochrome sur la couleur. La volonté a été ici d’inclure certains aspects de la production visuelle habituellement exclus par les valeurs esthétiques de l’élite lettrée, tout en tenant compte de la terminologie et les catégories présentes dans les traditions classiques de la calligraphie et de la peinture en Asie de l’Est.

Ce projet est expérimental à plusieurs égards : l’exposition ne dure qu’une journée, elle est pensée par une enseignante du département d’Études chinoises de l’Inalco et quatre étudiantes, dans un espace où ne sont pas habituellement exposées d’œuvres originales. L’intention curatoriale et le choix des œuvres est le résultat d’un dialogue au sein du projet de recherche « Sources visuelles, sources textuelles » de l’IFRAE. Une dizaine d’encres marouflées provient de la collection du Lithic Archive à Bruxelles, qui regroupe des artistes contemporains chinois ayant déjà fait l’objet de manifestations culturelles organisées par Lia Wei. S’y ajoutent une série d’artistes japonais proposés par Isabelle Charrier, et plusieurs artistes résidant principalement en France, par Marie Laureillard.

Programme de la journée 

  • 10h : ouverture de l’exposition
  • ​10h45 : visite guidée par Manon Kbidi
  • 13h30: visite guidée par Anna Le Menach et Paula Suméra 
  • 15h45 : visite guidée par Mina Kouame
  • 18h : visite guidée par Lia Wei
  • 19h : fermeture de l’exposition

Entrée libre.

[Appel à contributions] Revue d’études japonaises Ebisu – numéro thématique 61 / « Le Japon et ses doubles : Étude et représentation des territoires japonais et de leur aménagement à travers les arts et la littérature »

Le Japon et ses doubles

Étude et représentation des territoires japonais et de leur aménagement à travers les arts et la littérature

Comment l’intense production littéraire et artistique japonaise influe-t-elle sur l’aménagement du Japon et de ses territoires ? Comment cet aménagement en retour influe-t-il sur la production littéraire et artistique japonaise ?

Ce numéro spécial s’intéresse à l’hypothétique valeur heuristique et à la tout aussi hypothétique dimension performative que jouent les représentations artistiques et littéraires, voire les mythes, dans la fabrique des territoires japonais et l’évolution des logiques et des principes de leur aménagement. Inversement, ce numéro cherche aussi à mesurer et analyser l’impact qu’aurait la dynamique d’aménagement des ter- ritoires sur la production artistique et la littéraire japonaise, voire sur l’inflexion possible des grands mythes qui les structurent. Cet appel invite en particulier les contributeurs et contributrices à réfléchir à cinq grands axes :

  • Perspective esthétique critique : la représentation littéraire et artistique des territoires ;
  • Perspective opérationnelle : le tournant narratologique de l’aménagement ;
  • Perspective scientifique d’une épistémologie réflexive : écarts, influences et apports croisés entre art, littérature et productions scientifiques portant surl’aménagement des territoires ;
  • Perspective méthodologique et technique : la structure des véhicules du réel,les dispositifs artistiques et la nature des régimes de production de l’espace ;
  • Perspective institutionnelle : 100 ans de réflexion et d’échanges, le rôle des arts et des lettres dans l’aménagement de la Maison franco-japonaise (etinversement).Cet appel concerne les arts et la littérature dans une acception volontairement très large. Tout type de production artistique est ici concerné : les beaux-arts, le cinéma, la poésie, la bande dessinée, la littérature de consommation, les anime, les mangas, le théâtre, l’opéra, les marionnettes, la musique, la danse, l’architecture, les arts contemporains ou numériques… et jusqu’à des formes d’artisanat participant de la production d’images, d’imaginaires, de discours et de perceptions sur l’espace, les territoires et l’aménagement – ainsi en va-t-il de la poterie, de la mode, des para- vents, des lanternes, des timbres-poste…

Responsable du dossier : Raphaël Languillon-Aussel avec le comité de rédaction de la revue Ebisu. Études japonaises.

Instructions aux auteurs

Les propositions d’article seront envoyées sous forme de fichier attaché (.doc ou .docx) à : ebisu[at]mfj.gr.jp et languillon[at]mfj.gr.jp.

Elles seront composées d’un titre provisoire, d’un résumé de 800 signes, d’une bibliographie indicative et d’une liste des sources de financement de la recherche. L’auteur ou l’autrice veillera à préciser son nom, son ratta- chement institutionnel et son adresse électronique.

Les articles seront d’une longueur maximale de 50 000 signes. Lire attentivement les consignes indiquées ci-dessous : https://journals.openedition.org/ebisu/1057

Argumentaire complet

Version PDF à télécharger

Le Japon n’existe pas n’est pas que le titre provocateur du premier roman d’Alberto Torres-Blandina, ou la parabole du simulacre que sont devenus les territoires plongés dans un état généralisé de compétition économique qui substitue leur imaginaire marketing à leur réalité matérielle. C’est aussi l’affirmation d’un constructivisme, à savoir que les pays et les territoires sont des réalités sociales avant que d’être des principes de réalité matériels ou naturels ; ils sont des constructions avant d’être des évidences. Pris dans le tourbillon excessif du postmodernisme, les territoires sont devenus à ce titre des morceaux d’hyper-réalité, où l’image prend le pas sur la pure matérialité de ce qui est, et tend à réduire l’espace à ce qui se voit, puis à ce qui se perçoit et enfin à ce qui se représente. Dans l’économie de l’attention, l’hyper-réalité a ainsi remplacé l’espace tel qu’il est par ses représentations qui font du réel ce qui advient au regard d’un référant imaginaire aux conséquences pourtant bien concrètes : à ce titre, le mythe littéraire et artistique, pris dans un sens très large, modèle le réel à son image, quand il ne s’y substitue tout simplement pas dans le refus, le dégoût ou le déni de réalité. Au Japon, le processus fonctionne particulièrement bien – d’où le choix d’Alberto Torres-Blandina de faire porter son roman dessus – y compris dans les mythes historiques de ses origines.
Pourtant, au cœur de l’inflation postmoderniste, tout principe de réalité, tout effet de structure, toute résistance de la matérialité n’ont pas disparu. Pour le dire autrement, l’aménagement et les interventions sur la structuration des territoires ne sont pas seulement les fruits d’une sphère auto-référente de signes, d’images et de représentations : la granulométrie de l’espace, ses enjeux, ses contraintes et ses (im)possibilités imposent aussi aux mythes, aux lettres et aux arts, des inflexions qui sont celles de la contingence de l’espace réellement aménagé – et de ses transformations. Ainsi, l’évolution des mythes et les dynamiques territoriales sont-elles co-construites, parfois très lentement, parfois poussées par les accidents de l’histoire ou l’accélération des sociétés. Si les territoires résultent de constructions mentales à la fois individuelles et collectives qui empruntent à la production littéraire et artistique une partie de leur substance, cette dernière n’est pas totalement extérieure à leur matérialité pure. Comment l’intense production littéraire et artistique japonaise influe-t-elle sur l’aménagement du Japon et de ses territoires ? Comment cet aménagement en retour influe-t-il sur la production littéraire et artistique japonaise ?
Ce numéro spécial s’intéresse à l’hypothétique valeur heuristique et à la tout aussi hypothétique dimension performative que jouent les représentations artistiques et littéraires, voire les mythes, dans la fabrique des territoires japonais et l’évolution des logiques et des principes de leur aménagement. Inversement, ce numéro cherche aussi à mesurer et analyser l’impact qu’aurait la dynamique d’aménagement des territoires sur la production artistique et la littéraire japonaise, voire sur l’inflexion possible des grands mythes qui les structurent. Cet appel invite en particulier les contributeurs et contributrices à réfléchir à cinq grands axes : 

  • Perspective esthétique critique : la représentation littéraire et artistique des territoires

Comment sont dits, décrits, représentés voire critiqués les territoires japonais et leur aménagement dans les productions artistiques et littéraires japonaises, voire étrangères portant sur le Japon ? Comment, à l’inverse, les nouveaux aménagements (comme le grand mur de béton du Tōhoku), les transformations des aménagements existants (l’accident de la centrale de Fukushima et les réflexions postnucléaires du parc énergétique nippon), voire les nouvelles politiques ou idéologies aménagistes influencent-ils la littérature et les arts japonais ? De façon plus générale, que nous apprennent de l’évolution de la société japonaise ce que les arts et la littérature nous disent des territoires japonais et de leur aménagement ?

  • Perspective opérationnelle : le tournant narratologique de l’aménagement

Depuis une vingtaine d’années, le tournant néolibéral de l’aménagement a mis un terme aux politiques de planification économique et spatiale, conduisant à l’émergence d’une fabrique des territoires par projets, rendant nécessaire de trouver de nouvelles logiques de coordination, d’intégration et d’adhésion populaire : de là procède le tournant narratologique de l’aménagement et le renforcement de la place des grands récits dans les opérations d’intervention sur les territoires. Quels sont les grands récits qui structurent l’aménagement et la production de l’espace (ou des espaces) japonais, et quels liens entretiennent-ils avec les arts et la littérature ? Comment la littérature grise opérationnelle se positionne-t-elle vis-à-vis de la production artistique et littéraire ? Comment le péritexte, l’hypertexte, le paratexte voire l’hypotexte de l’aménagement s’inscrivent-ils dans de nouvelles logiques transtextuelles et transmédiales qui mobilisent à des niveaux différents et selon des modalités diverses les arts et la littérature ?

  • Perspective scientifique d’une épistémologie réflexive : écarts, influences et apports croisés entre art, littérature et productions scientifiques portant sur l’aménagement des territoires

L’aménagement n’est pas qu’un acte d’intervention sur un territoire : c’est aussi un champ d’expertise producteur de savoirs, voire une discipline académique à part entière – le statut est encore âprement débattu. Dans quelles mesures les écrits académiques reflètent-ils les sensibilités artistiques et la performativité des mythes et des représentations littéraires et artistiques que leurs auteurs souhaiteraient retrouver dans les principes de réalités qu’ils étudient ? Pour le dire autrement, dans quelles mesures la production académique est-elle possiblement influencée par les grands mythes auxquels adhèrent et que souhaitent voir advenir, consciemment ou non, honnêtement ou non, les scientifiques analysant les logiques d’aménagement et de structuration du Japon et de ses territoires ? Inversement, en quoi les écrits savants sur l’aménagement japonais influencent-ils les mythes existants, voire en génèrent-ils de nouveaux ? Cet axe insiste en particulier sur la dimension réflexive de celles et ceux qui produisent du savoir sur l’espace japonais au regard des représentations que celles et ceux qui « fantasment » l’espace dans l’art et la littérature produisent et diffusent. Autrement dit, c’est la porosité voire la distorsion entre constructions scientifiques et constructions littéraires et artistiques des discours et des représentations sur l’espace japonais que l’on cherche ici à mesurer, à analyser et à discuter, en partant du postulat qu’en dehors de catégories mentales socialement construites, le réel (l’objet des sciences) et ses analyses n’existeraient pas. Cet axe concerne toute discipline portant de près ou de loin sur l’espace et les territoires japonais (à savoir, la géographie, l’urbanisme, l’histoire, l’économie, l’anthropologie, la sociologie, les sciences politiques, la philosophie, l’ethnographie…).

  • Perspective méthodologique et technique : la structure des véhicules du réel, les dispositifs artistiques et la nature des régimes de production de l’espace

Depuis au moins Walter Benjamin, une relation étroite a été établie entre les techniques de reproduction des images et la nature des régimes politiques. Dans quelles mesures et en quoi les supports, les techniques et les formes artistiques et littéraires mobilisés dans les représentations des territoires japonais impactent-ils les modalités de leur aménagement et, au-delà, les régimes politique et économique de leur production et de leur exploitation ? La question se pose avec d’autant plus d’acuité au Japon que le pays est leaderdans l’industrie du numérique, ce qui a des conséquences fortes en termes de visualisation digitale des territoires, ou encore sur les modalités de diffusion des images du Japon – ce sur quoi surfent en grande partie les acteurs du Cool Japan, qui n’est pas sans relation avec la croissance récente du tourisme et de la consommation d’espace au Japon. Dans une perspective plus vaste, en quoi la nature des supports et la structuration des dispositifs de production et de circulation des représentations artistiques et littéraires de l’aménagement et de l’espace impactent-ils les régimes politiques japonais (passés ou actuels) ?

  • Perspective institutionnelle : 100 ans de réflexion et d’échanges, le rôle des arts et des lettres dans l’aménagement de la Maison franco-japonaise (et inversement)

Le 7 mars 1924, Eiichi Shibusawa, le père de la modernisation économique du Japon, et Paul Claudel, célèbre poète alors ambassadeur de France au Japon, créaient la Maison franco-japonaise (MFJ). Dédiée aux échanges culturels entre la France et le Japon, mais aussi porte d’entrée de la culture française dans l’Archipel, l’institution est un haut-lieu matériel et immatériel des relations franco-japonaises au Japon. En cela, la MFJ est à la fois le produit d’une idée où viennent se confronter des représentations et des identités multiples, et un espace physique qui conditionne en partie l’accès et l’expression en ses murs de ces représentations. Quel rôle cet espace matériel et immatériel a-t-il joué dans la diffusion de la représentation des territoires français dans la littérature et les arts du Japon et dans celle de la représentation des territoires japonais dans la littérature et les arts français ? Quel rôle ces représentations ont-elles eu sur la fabrique matérielle de la MFJ, son évolution, mais aussi plus largement sur la production d’espaces en France et au Japon ? Autrement dit, dans quelles mesures la Maison franco-japonaise a-t-elle été le lieu d’un échange, d’un passage, voire d’une hybridation, des représentations artistiques et littéraires de l’espace et de l’aménagement japonais en France et français au Japon ? Dans quelles mesures aussi constitue-t-elle un espace ou un dispositif à la fois producteur de récits, produit par des récits ou faisant l’objet de récits littéraires ou artistiques ? Ce dernier axe s’inscrit dans la perspective du centenaire de l’existence et des activités de la Maison franco-japonaise de Tokyo, et recontextualise au regard d’une dynamique institutionnelle majeure les quatre axes précédents de l’appel. 
Cet appel concerne les arts et la littérature dans une acception volontairement très large. Tout type de production artistique est ici concerné : les beaux-arts, le cinéma, la poésie, la bande dessinée, la littérature de consommation, les anime, les mangas, le théâtre, l’opéra, les marionnettes, la musique, la danse, l’architecture, les arts contemporains ou numériques… et jusqu’à des formes d’artisanat participant de la production d’images, d’imaginaires, de discours et de perceptions sur l’espace, les territoires et l’aménagement – ainsi en va-t-il de la poterie, de la mode, des paravents, des lanternes, des timbres-poste… 

Ebisu. Études japonaises est une revue à comité de lecture fondée en 1993 et publiée par l’Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise.

[Conférences] Séance du groupe d’étude de philosophie japonaise (samedi 28 mai 2022)

Groupe d’étude de philosophie japonaise 

(Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est, Inalco / Université de Paris-Cité / CNRS, F-75013 Paris)

Samedi 28 mai 2022, vidéoconférences sur Zoom 

    14h – 14h45 suivie de discussion d’une demie heure  

Frédéric GIRARD (EFFEO)

   « Expérience pure de NISHIDA et expérience directe de MOTORA : la structure double de la psychè héritée de la Talité du Traité sur l’acte de foi dans le Grand Véhicule.» 

    15h20 – 16h05 suivie de discussion d’une demie heure 

Raphaël PIERRES (Université Paris I Panthéon-Sorbonne )

« Décentrer la première personne : WATSUJI Tetsurô, ÔMORI Shôzô et SAKABE Megumi ».

    16H40 : la fin de séance 

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito[at]inalco.fr  à partir du 24 mai 22

Résumé des conférences en version PDF