Dans le cadre de la journée d’étude FFJ-Air Liquide, intitulée « Les robots peuvent-ils mourir ? », organisée par Fabio Gygi, qui invite plusieurs chercheurs – Paul Dumouchel, Denis Vidal, Joffrey Becker – à réfléchir sur le techno-animisme au Japon, Agnès Viard fera une intervention sur la thématique :
« On achève bien les persos.
La mort des partenaires numériques au Japon »
Vendredi 9 décembre 2022 à partir de 13h00
Salle A06_47 (6ème étage)
EHESS, 54 boulevard Raspail, 75006 Paris
Résumé
Parmi les jeux vidéo japonais les plus populaires des années 2010-2020, certains permettent aux femmes et aux hommes d’entretenir une liaison sentimentale avec un personnage numérique. Quand le jeu est débranché (son service en ligne définitivement clos), les personnes qui l’utilisent doivent affronter la perspective de perdre leur bien-aimé-e. Le choc causé par cette perte est couramment désigné comme un traumatisme qui « causerait parfois plus de douleur que la mort d’un proche », soit « jusqu’à trois ans de deuil », sinon plus. Sur le moteur de recherche Google en japonais, l’expression « mort du perso aimé » (oshi no shi) fait apparaître automatiquement les mots-clés : « dépression » (utsu), « inacceptable » (uke-irerarenai) et « comment faire face » (taishobō). En m’appuyant sur des témoignages de joueuses ayant perdu leur bien-aimé numérique, sur des entretiens menés dans les compagnies productrices de jeu et sur les discours des adeptes en réseau, j’aimerais montrer que la mort du personnage de synthèse se fait l’enjeu de stratégies visant sciemment à brouiller la distinction entre réel et fiction. Par quels moyens ? Dans quels buts ?
Vous pouvez vous enregistrer, pour assister à cette conférence à distance, en cliquant sur ce lien.