Colloque / « Jien (1155-1225) Moine, poète, historien, politicien » Collège de France (12 juin 2021)

Troisième colloque HOBOGIRIN

Jien (1155-1225)
Moine, poète, historien, politicien

Organisé par Jean-Noël Robert, Chaire Philologie de la civilisation japonaise

Co-organisé avec le professeur ABE Yasurō Directeur du Research Center of Cultural Heritage and Texts de l’Université de Nagoya (Japon) et le JSPS Core-to-Core Program: Academic Consortium for Creating the Value of Religious Cultural Heritage through Text Studies.

Colloque en ligne

9h-12h (16h-19h, heure japonaise)
Le colloque se tiendra en japonais, la traduction française sera publiée dans les Actes à paraitre
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Programme

09h00 : Allocution d’ouverture
Jean-Noël Robert, Collège de France

09h05 : Le Gukanshō et la scolastique Tendai
Jean-Noël Robert

09h20 : Nouveaux documents sur Jien
Abe Yasurō, Université Ryûkoku, C.H.T. de l’Université de Nagoya

09h40 : The Soteriology of Jien in the Gukanshō and his Ritual Program at the Temple of Great Repentance
Eric Haruki Swanson, Université Loyola Marymount

10h00 : Pause

10h10 : Remarques sur la réception médiévale du Gukanshō par l’examen paléographique du manuscrit
Kojima Keisuke, Collège doctoral des études avancées Sôkendai

10h30 : L’espace scolastique ouvert par Jien dans son Honzonshaku mondō
Abe Mika, université de Nagoya

10h50 : Quelques réflexions sur le Monastère de la grande repentance
Ishikawa Hajime, Université Préfectorale de Hiroshima

11h10 : Pause


11h15 : Commentaire et conclusion
Jean-Noël Robert et Abe Yasurô

11h30 : Discussion générale

Programme en version pdf ici.

Poste / Doctorant.e contractuel.le international (H/F) « L’innovation tirée par le care : le cas du soin aux personnes âgées en France et au Japon »

Appel à candidatures

Vous trouverez ci-dessous un lien vers une offre de contrat doctoral qui peut être intéressant pour les étudiants qui cherchent à réaliser une thèse dans les domaines de la socio-économie de l’innovation, des STS, et de la sociologie du care. Le thème plus précis est le suivant: « L’innovation tirée par le care : le cas du soin aux personnes âgées en France et au Japon ».


L’offre est accessible sur le portail emploi du CNRS: https://bit.ly/3yAmmh2


La procédure pour postuler se fait en deux étapes :
1) Transmettre votre CV sur le site du CNRS : https://bit.ly/3yAmmh2
2) Envoyer les trois documents suivants à sebastien.lechevalier@ehess.fr :
– un projet de recherche de 4-5 pages (y compris une bibliographie), conforme à la description du projet ci-dessous ;
– un CV avec des informations officielles sur les notes reçues pendant le(s) programme(s) de master ;
– une lettre de référence.

Ces deux étapes doivent être complétées avant le 1er août (13h00, heure française). Ne pas tenir compte de la date qui figure sur le site du CNRS
Les réponses seront données avant le 15 août. Un maximum de 5 candidats présélectionnés seront auditionnés fin août – début septembre.

Call for applications

Please find below the link to an offer for a PhD contract that may be of interest for students looking at a doctoral thesis in the fields of socio-economics of innovation, STS, and sociology of care. The more precise topic is:  « Care-led Innovation. The case of elder care in France and Japan »

The offer is online on the CNRS job site: https://bit.ly/3yAmmh2

The procedure to apply to this position includes two steps:
1) Upload your CV on the CNRS website: https://bit.ly/3yAmmh2
2) Send the three following documents to sebastien.lechevalier@ehess.fr :
– a research project of 4-5 pages (including a bibliography), in line with the description of the project on the CNRS website;
– a CV with official information on the grades received during the master program(s);
– a reference letter.

These two steps should be completed by August 1st (1 pm, French time). Please do not may attention to the deadline indicated on the CNRS website
Answers will be given by August 15th. A maximum of 5 shortlisted candidates will have an interview by late August – early September

Conférence / « Scriptures and Their Deployment: Great Notes (Maka shō), Raishin’s Notes (Raishin shō), and the Sacred Works (Shōgyō) of Early Medieval Japan » par Brian Ruppert (séminaire de l’EFEO – 18 juin 18h, heure de Tokyo)

Dans le cadre des Kyoto lectures de l’EFEO, Brian Ruppert (université de Kanagawa) présente la conférence : Scriptures and Their Deployment: Great Notes (Maka shō), Raishin’s Notes (Raishin shō), and the Sacred Works (Shōgyō) of Early Medieval Japan

Date le et lieu : Vendredi 18 juin à 18h (heure du Japon) sur la plateforme Zoom. 

Le lien ainsi que le mot de passe permettant de se connecter seront affichés sur le blog du Centre de Kyōto et sur le site internet de l’ISEAS la veille.

Parution / « L’Empire des yakuza. Pègre et nationalisme au Japon »

Titre

L’Empire des yakuza. Pègre et nationalisme au Japon

Auteur

Philippe Pelletier

Maison d’édition

Le Cavalier Bleu Éditions

Date de publication

Juin 2021

Nombre de pages

296 p.

Présentation

Largement représenté dans la littérature et le cinéma, couvert de tatouages, phalange coupée, langage rude et violence soudaine, le yakuza fascine et interroge : comment cette structure quasi-féodale peut-elle perdurer dans un Japon démocratique, industrialisé et technologique ?

Pour comprendre et éviter le piège de l’essentialisation, une comparaison avec d’autres pays permet de déga- ger des éléments communs, mais aussi de révéler la spécificité de la pègre japonaise : sa proximité avec l’extrême droite, dans l’idéologie comme dans l’action.

S’appuyant sur un méticuleux travail de recherche et une analyse originale, Philippe Pelletier démontre ainsi comment les yakuza sont nés à un moment donné, en un lieu donné, en réponse à une demande politique qui interroge in fine sur deux éléments : la nature réelle de la démocratie japonaise et le rôle d’une figure tout aussi emblématique que le yakuza, celle de l’empereur.

Lien vers le site de l’éditeur ici.

Lien vers le PDF de présentation ici.

Séminaire Jeux Olympiques et Villes Globales / « Hiérarchies et classifications des villes japonaises : quelles places en Indo-Pacifique ? » (9 juin 2021, 16h-18h)

La Fondation France-Japon de l’EHESS est heureuse de vous inviter à la prochaine séance du webinaire Jeux Olympiques et Villes Globales.

/!\ Habituellement organisé le mardi de 10h00 à 12h00, cette séance sera exceptionnellement organisé le mercredi 9 juin de 16h00 à 18h00 (heure française). /!\

Hiérarchies et classifications des villes japonaises : quelles places en Indo-Pacifique ?

Avec près de 92 % des Japonais vivant en ville, le gigantisme urbain atteint sur l’archipel des niveaux remarquables en Indo-Pacifique. Douze villes ont plus d’un million d’habitants, dont la grande majorité se regroupe dans un cordon urbain quasi continu de mille kilomètres s’étirant le long du littoral Pacifique de Tokyo à Fukuoka.

Pour autant, les seuls poids démographique et économique ne confèrent pas aux villes japonaises une place en haut des différentes hiérarchies et classements de villes en Indo-Pacifique. Si Tokyo détient une position enviable comme ville globale, bien des grandes agglomérations japonaises telles Yokohama ou Sapporo qui rassemblent de fortes concentrations humaines apparaissent rarement dans les classements. De la même manière, une ville comme Nagoya, qui génère pourtant un Produit urbain brut (PUB) équivalent ou supérieur au PIB de certains pays de l’Asie du Sud-Est, ne semble pas être un pôle d’attractivité en conséquence.

Ce webinaire a pour ambition de présenter différents systèmes de classification hiérarchique multidimensionnels qui permettent de situer les villes japonaises par rapport aux systèmes urbains des pays de l’Indopacifique pour y déceler leur pouvoir d’attraction et d’influence.

  • 9 juin 2021 | 10h00 – 12h00 (Québec) | 16h00 – 18h00 (France) | 23h00 – 1h00 (Japon)
  • En ligne – En français
  • Intervenants : Professeur Éric Mottet (Université du Québec à Montréal), Docteur Éric Boulanger (Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation)
  • Discutant : Alexandre Faure (FFJ, EHESS)
  • Contact : events_ffj@ehess.fr
  • En partenariat avec le magazine Diplomatie

Pour accéder au webinaire, merci de contacter les organisateurs de l’événement.

14e colloque de la SFEJ / Appel à candidature à destination des doctorants et des jeunes chercheurs pour la session Posters du colloque (date limite : 30 juin 2021)

Le quatorzième colloque de la SFEJ ayant été reporté, pour raisons sanitaires, au mois décembre 2021, l’Atelier doctoral des études japonaises (ADEJ) ne se tiendra donc pas à cette même période, tel que prévu initialement. De ce fait, le comité d’organisation a décidé de mettre exceptionnellement en place pour cette année 2021 une session posters consacrée au thème choisi pour le colloque : « Périphéries et centres ».

Elle sera ouverte en particulier aux jeunes chercheur·e·s et aux doctorant·e·s. Les posters seront exposés à l’occasion du colloque et donneront lieu à des présentations lors de créneaux dédiés.

Les propositions doivent être envoyées à l’adresse colloquesfej2020@gmail.com avant le 30 juin 2021, la date limite ayant été modifiée.

Les personnes dont les propositions de poster seront retenues seront contactées par email début juillet.

Le comité d’organisation :

Aline Henninger et Mayumi Shimosakai, Université Orléans

Poste / Deux positions d’ATER en sciences religieuses ouvertes aux spécialistes de l’Asie à l’École Pratique des Hautes Études-PSL pour la rentrée 2021-2022 (date limite : 7 juin 2021)

La section des sciences religieuses de l’EPHE recrute pour la rentrée 2021 trois ATER dans le domaine des religions, dont deux avec des profils généralistes, ouverts notamment aux spécialistes de l’Asie (anthropologie, sciences sociales)

Il s’agit de dispenser des cours de méthodologie aux étudiants de Master.

Date limite de dépôt des candidatures: 7 juin 2021, à 16h.

Plus d’informations sur le site de l’Ephe :

https://www.ephe.psl.eu/actualites/recrutement-3-postes-d-ater-proposes-par-la-section-des-sciences-religieuses

Conférence / “Le commerce des jonques chinoises dans le Nagasaki pré-moderne : une étude des intermédiaires dans les échanges commerciaux ” par PENG Hao (Séminaire Kyūshū 4 juin 2021, 10h-12h)

Dans le cadre de la prochaine séance du séminaire Kyūshū qui se tiendra le vendredi 4 juin 2021 de 10h à 12h, PENG Hao (Université Municipale d’Osaka) fera une présentation intitulée 「近世長崎の唐船貿易―輸出入品の仲介商に焦点を当てて―」(Le commerce des jonques chinoises dans le Nagasaki pré-moderne : une étude des intermédiaires dans les échanges commerciaux).

La présentation aura lieu en japonais, sans traduction.

Elle se tiendra sur Zoom. La séance est ouverte à tout.e chercheur.se et étudiant.e intéressé.e. Si vous n’avez jamais assisté au séminaire et si vous souhaitez assister à la séance, merci de vous signaler auprès des organisateurs.

Contact :
Annick Horiuchi (horiuchi@univ-paris-diderot.fr)
Pierre-Emmanuel Roux (pierre-emmanuel.roux@u-paris.fr)


* Peng Hao est notamment l’auteur de : 

『近世日清通商関係史』  (東京大学出版会, 2015)
(traduction anglaise) Trade relations between Qing China and Tokugawa Japan : 1685-1859 (Springer, 2019) 

Conférence / « The Rickshaw and the Railroad: Human-Powerd Transport in the Age of the Machine » par Kate McDONALD (cycle de conférences « Global Japon(s) », 2 juin 2021 13h-14h30)

Dans le cadre du cycle de conférences Global Japon(s), le Centre de Recherches sur le Japon de l’EHESS a le plaisir de vous inviter à la conférence suivante :

The Rickshaw and the Railroad: Human-Powerd Transport in the Age of the Machine

Kate McDonald (University of California, Santa Barbara)

Mercredi, 2 juin 2021, 13h-14h30

Pour recevoir les documents préalables à la séance ainsi que le lien de la salle virtuelle, merci de vous inscrire à : crj@ehess.fr

Conférence / Interventions de KUWAYAMA Yukiko et de Raphaël PIERRES dans le cadre des activités du Groupe d’étude de philosophie japonaise (samedi 29 mai 2021, 9h30-12h00)

Groupe d’étude de philosophie japonaise 

(Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est, Inalco / Université de Paris / CNRS, F-75013 Paris)

Communications
Samedi 29 mai 2021, vidéoconférences sur Zoom 
9h30 -12h00 l’heure de Paris, 4h30 – 7h00 PM l’heure de Tôkyô

Programme

9h30-10h10 

KUWAYAMA Yukiko  (Université Hildesheim, Inalco)

« Ki, perception, sentiment – une phénoménologie linguistique de l’expérience antéprédicative »

10h10-10h25 questions – réponses 
10h25-10h35  pause

10h35-11h15 

Raphaël PIERRES (Université Paris I-Panthéon Sorbonne )

« Grammaire du kokoro (心) »

11h15-11h30 questions – réponses 
11h30-12h   discussion générale 

12h00  (7h00 PM l’heure de Tôkyô) la fin de séance 

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr
contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.comarthur.mitteau@univ-amu.fr, simon.ebersolt@gmail.com

Résumé (KUWAYAMA Y.)

   Dans cet exposé, nous allons présenter un résumé de notre thèse qui s’intitule à l’origine, en allemand, « Ki, fühlen, empfinden – eine linguistische Phänomenologie vorprädikativer Erfahrungsformen ». Elle est caractérisée par une méthodologie linguistique phénoménologique. Pour approcher la dimension antéprédicative de l’expérience qu’on peut désigner comme « perception et sentiment », nous posons quelques étapes : dans un premier temps, nous allons contextualiser la thèse du discours phénoménologique confronté directement à la diversité des langages naturels, notamment concernant la description de phénomènes ; dans un deuxième temps, nous introduirons le mot ki à l’aide des traductions processuelles d’expressions en utilisant un lexique ; dans un troisième temps, nous ferons le parallèle entre les deux domaines ki et Gefühl dans la langue allemande. Partant d’un repérage des similarités entre ces deux champs notionnels avec un focus sur l’approche de Yuho Hisayama basée sur la « nouvelle phénoménologie » chez Hermann Schmitz et Gernot Böhme, nous analyserons la différenciation des deux domaines.

        Le mot ki a beaucoup de sens différents. On le remarque notamment quand on compare ses traductions possibles entre le japonais et les autres langages naturels. Le domaine ou le champ notionnel ki (comme l’ensemble des sens de l’expression, ce que J.L. Austin désigne comme word meanings) peut apparaître plus vaste que celui du mot Gefühl en allemand. Le sens d’« attention » (par exemple ki o tsukeru – faire attention) est un bon exemple. Les traductions comme « en un souffle » (in einem Atemzug, , 一気に, ikki ni), « l’air » (Luft, 空気, kūki), « l’intention » (Intention, 気になる, ki ni naru1, 気にする ki ni suru 2), « le courage » (Mut, Mutig-Sein, 勇気 yūki), ou « le mode de vouloir et l’être énergétique » (Wollen und Kraftvoll-Sein, 志気 shiki ou 意気 iki) peuvent clairement souligner la diversité des sens du mot. Le mot ki peut exprimer différents caractères de l’homme et du monde comme la matérialité, la corporalité, la spiritualité, l’affectivité ou l’émotionnalité. Ainsi, le mot ki peut paraître complexe à traduire. En comparaison, le mot kokoro ( 心 , Herz ou Herzgeist,3 cœur) a son noyau sémantique à la dimension d’expérience plus privée des sentiments, même s’il peut toucher également des dimensions de sentir, comme le mot ki.4 Outre une introduction historique à propos de la distinction de kokoro et ki de néoconfucianisme, nous travaillons à trouver un axe entre une approche orientée spatialement (phénoménologie de l’atmosphère et ki comme l’approche de Hisayama, Schmitz et Böhme) et de la perspective de la première personne, qui sent et parle de son cœur (心の内を打ち明ける kokoro no uchi o uchiakeru).

        De cette manière, nous arrivons à toucher la frontière entre dimension de l’expérience antéprédicative et prédicative au moyen des expressions verbales et concrètes. Dans le cadre de l’exposé, nous avons choisi de nous concentrer sur la dimension antéprédicative au moyen d’idées merleau-pontiennes comme la « pensée sauvage » ou l’« existence brute et préalable ». Il apparait que même cette étape puisse tourner autour du cœur (心) qui change (心変わり kokorogawari) comme la météorologie (天気, tenki), mais qui prend des décision (決心する) de temps en temps et qui trouve sa paix (穏やかな心) également de temps à autres.

 1. L’expression « ki ni naru » (気になる) peut être traduit comme « quelque chose me concerne » en français.
2. L’expression « ki ni suru » (気にする) peut être traduite comme « s’inquiéter de quelque chose » ou « se préoccuper de quelque chose ». J’ai hâte de poser de telles questions ouvertes dans le cadre de mon exposé concernant les traductions des expressions en français.
3.  Wohlfahrt (2001): p. 17.
4.  c.f. Yamaguchi (1997): p. 61., Kimura (1995): p. 126f., Hisayama (2014): p. 89.

Résumé (R. PIERRES)

Nous mobilisons ici la notion japonaise de 心 comme outil pour dépasser – ou problématiser –le partage entre intérieur et extérieur. 心 (kokoro) est l’un des termes les plus couramment utilisés en japonais pour désigner le mental, quoiqu’il englobe une dimension affective : en ce sens, il renvoie à la fois au coeur et à l’esprit, et semble subsumer la séparation entre pensée et corps (de fait, nous le retrouvons également comme clé dans le verbe 思う, omou, penser). Nous cherchons ici à en déployer les implications. Les coordonnées de notre interrogation peuvent être posées en situant la notion de 心 à l’aide des outils proposés par Ricoeur dans le quatrième chapitre de L’homme faillible, en particulier vis-à-vis des notions de sentiment et de θυμός (thumos).
Dans ce cadre conceptuel, nous nous attachons plus spécifiquement à analyser la portée et les limites de la notion de 心 en regard du problème de la localisation du mental. Ce problème trouve une première traduction remarquable dans la philosophie de Nishida autour de l’idée que l’esprit doit et ne peut pas être localisé dans le monde. C’est sous cet angle que nous commençons à saisir en quoi la notion de 心 ouvre à une forme de dépassement de l’intériorité, en tant que notion mixte. Comme Nishida l’indique dans un article de jeunesse, 心の内と外, il n’y a pas d’un côté le monde intérieur, de l’autre, le monde extérieur : en ce sens, le 心 n’est ni intérieur ni extérieur. En s’appuyant sur ce caractère mixte du 心, il est possible de tendre vers une forme de monisme. Au début de son travail, dans 善の研究, Nishida accorde une grande importance à l’expérience pure (純粋経験) où la distinction entre intérieur et extérieur n’a pas cours, à la manière du mouvement instinctif de l’animal, ou de la perception du nouveau-né. Le paradoxe tient à ce que si pensée et étendue ne sont pas deux ordres logiques ou ontologiques strictement distincts, alors la question du lieu de la pensée doit être reposée.
D’un deuxième point de vue, la notion de 心 signale en effet l’ancrage du soi dans la chair : elle joue à la fois comme point d’application des catégories spatiales à l’esprit, en tant qu’il est associé à un corps particulier, situé dans un espace déterminé. Pour aborder cette tension d’une manière plus aisément compréhensible, nous ouvrirons ici une étude de cas, que nous désignons provisoirement comme grammaire du 心. L’enjeu de cette enquête lexicologique est de rendre plus concrète la question théorique de l’incarnation de l’esprit. Si son premier objet est bien l’observation d’expressions courantes en japonais afin d’en mesurer la portée, il faut toutefois faire un pas de plus. En effet, la mention par Nishida de l’éthique et de l’esthétique comme chemins pour retrouver cette indistinction nous invite à étudier des usages remarquables dans les textes poétiques, mais aussi dans certains textes bouddhiques classiques. Ces analyses ponctuelles ont pour horizon une conception non-naturaliste de l’incarnation, dans le fil de ce que Merleau-Ponty désigne, en particulier dans ses cours de 1954 au collège de France, comme « l’institution des sentiments ».

Ce caractère institué du sentiment permet enfin de remettre en question le caractère privé que semblait d’abord impliquer la notion de 心. L’influence de la polémique analytique contre l’intériorité conduit ainsi Ōmori à souligner que les sentiments ne sont pas indépendants des situations, contre la tendance à les renfermer dans le coeur. La critique de l’intériorité dans 物と心 engage à la fois une dimension épistémologique, en tant qu’il s’agit de dépasser la distinction entre la chose et sa représentation. C’est bien l’intériorité du coeur qui se trouve battue en brèche (「心」には「中」がないのである。) Ce qui était tenu pour le plus intime, l’au-dedans radical, est projeté d’un même mouvement dans la dimension d’un environnement et d’une atmosphère. Faisant retour vers notre point de départ, il faut bien, à la fin, poser à nouveau la question, afin de mesurer apports et apories de cette proposition singulière : la philosophie du 心 est-elle enfin la « philosophie du coeur » que Ricoeur appelait de ses voeux, pour dépasser un certain partage entre intériorité et extériorité ?