Nous avons eu le regret d’apprendre la disparition de notre collègue M. ASARI Makoto.
François Macé a bien voulu écrire en sa mémoire le texte suivant :
« Asari Makoto s’en est allé soudainement, nous prenant tous de court. Son décès est intervenu alors qu’il s’était engagé dans une suite d’articles pour la revue Mita bungaku, je suppose. Il était tout aussi actif sinon plus depuis son départ à la retraite.
Pressé par le temps (qui fut un de nos thèmes de réflexion), je ne suis pas capable de retracer fidèlement son parcours. Voilà quelques indications. Asari-san a terminé sa carrière universitaire en France comme professeur dans la section d’études japonaises de l’Université de Bordeaux 3. Il avait été auparavant maître de conférences à l’Inalco. Étudiant de l’Université de Waseda, j’ignore quand il est arrivé en France pour y préparer un doctorat soutenu en 1985 sous le titre : « André Breton et le Sacré : essai sur Breton selon quelques thèmes religieux ». L’année précédente, il avait été recruté comme répétiteur ancien régime à l’Inalco. Ce fut pour lui l’occasion de s’intéresser à la question de la langue japonaise qui deviendra un de ses thèmes de recherche.
Il se consacra à l’enseignement avec le même sérieux que dans sa recherche dont le domaine dépassait de très loin les questions pédagogiques à qui il consacra pourtant beaucoup de son temps.
Une grande partie de son activité intellectuelle n’avait pas de rapport direct avec les études japonaises. Disciple fidèle de Derrida, il se lia à Lacoue-Labarthe. Il finit par concilier les deux versants de son activité sous le thème de Langue et pensée du Japon contemporain.
Il publia ainsi en 2008 : Nihongo to nihonshisô – Motoori Norinaga, Nishida Kitarô, Mikami Akira, Karatani Kôjin, (Fujiwara shoten). Dans la revue Kan du même éditeur dont il était l’ami, il proposa de nombreux articles sur la vie intellectuelle française. Admirateur de Karatani Kôjin, il traduisit avec son épouse Isabelle Flandrois, son maître livre Structure de l’histoire du monde, (CNRS éditions, 2018). J’espère qu’un jour prochain je pourrai fournir une bibliographie plus étoffée que ces quelques repères.
Reste le plus important, l’homme. Bien loin, à première vue des débats intellectuels, Asari-san pratiquait aussi le seitai de Noguchi. D’une très grande sincérité, il fut un ami exigeant et fidèle. Malgré une vie qui fut souvent difficile, il affirmait encore récemment qu’il était heureux. C’est le message que je voudrais transmettre. »
(Photographie issue du CEJ)