– Appel à candidatures –
Thèses Internationales AAP 2022 sur la thématique “détournement des lieux sacrés dans le cadre de pratiques rituelles” (date limite des candidatures : 1 août 2022)

L’IrAsia vient d’obtenir un financement pour un contrat doctoral avec mobilité au Japon de 3 ans dans le cadre des Thèses Internationales – AAP 2022.

Le projet se construit autour de trois rattachements institutionnels. 

1 ) L’Irasia (Aix-Marseille Université) Axe Faits religieux en Asie (A. Brotons), 

2 ) La Maison Franco-japonaise (UMIFRE 19, MAEE-CNRS) 

3 ) l’Université de Kanagawa (le centre 非文字資料研究センター, autour du projet「帝国日本」境界の祭祀再編と海外神社).

Le/la candidat(e) sera donc rattaché(e) en France à l’axe Faits religieux en Asie et au Japon principalement à l’université de Kanagawa.


Description du sujet de thèse

Histoire, formes et logiques des détournements des lieux de dévotion au Japon

Les lieux de cultes comme les lieux sacrés au Japon constituent des espaces privilégiés de contact avec le monde invisible. Considérés comme des réservoirs de puissances, ils sont le cadre de rituels qui concernent les affaires de ce monde et celles de l’après-vie. Au Japon, la localisation de l’activité dévotionnelle est avant tout associée par la tradition à des temples bouddhiques ou des sanctuaires shintô, deux grandes formes de religiosité japonaise aux frontières plus ou moins poreuses. Par commodité il est d’usage de parler pour le Japon de syncrétisme shintô-bouddhique ou de leur logique combinatoire pour marquer la pénétration réciproque des deux systèmes de croyances. À ces espaces construits, il faut ajouter des lieux retirés dans les montagnes, sur les côtes, sur les lacs qui font par ailleurs l’objet d’une dévotion. Dès l’époque classique, pendant la période de Heian (IXe siècle), les documents font état de reijô 霊場, des lieux sacrés, saturés d’une puissance que les spécialistes du sacré, les pèlerins et les dévots de toute sorte cherchaient à capter. L’histoire dans le temps long de ces lieux de contact avec le monde invisible a donné lieu à une littérature scientifique abondante au Japon comme en occident. Un aspect retient moins l’attention des chercheurs. Il s’agit de l’étude des pratiques de détournement de ces lieux sacrés : actes de sorcellerie, pratiques sociales prohibées, cultes concurrents à ceux autorisés par le clergé, dévotions secrètes, appel de divinités cachées. Souvent transgressives, ces pratiques échappaient au clergé qui n’avaient de cesse de les dénoncer tout en évaluant les bénéfices économiques qu’une réputation peu souhaitée pouvaient représenter.
Depuis l’entrée dans le XXI° siècle, les journaux japonais recueillent la parole de desservants de temple ou de sanctuaire surpris par l’engouement d’un public jeune et massivement urbain à la recherche de « Power spot », en japonais pawāsupotto パワースポット. Ils déplorent le désintérêt des visiteurs pour le lieu de culte et leurs divinités et constatent que les attentes d’un surcroît de santé, de bonheur ou d’abondance se placent de plus en plus en dehors de tout cadre traditionnel. La continuité niée, avérée ou fabriquée entre les reijô et les pawāsupotto permet de questionner la plasticité des catégories sociales relatives au monde invisible et aux attentes sociales à différentes époques. Alors qu’une partie de l’historiographie des années 1980-1990 — on pense aux travaux de Gorai Shigeru et de Umehara Takeshi — associait les premiers à une « essence du Japon », les seconds, dans la nébuleuse new-age caractéristique des sociétés industrielles, procèdent davantage d’un désir de relier des formes de spiritualité issues de l’Orient et de l’Occident.

https://emploi.cnrs.fr/Offres/Doctorant/UMR7306-FATSOU-002/Default.aspx

À partir d’une approche historique (corpus de sources écrites et visuelles) ou anthropologique (étude de terrain), le(a) doctorant(e) fera porter son effort de recherche sur la question du détournement des lieux sacrés et des lieux de dévotion dans le Japon prémoderne et/ou moderne. Cette recherche devra intégrer le double prisme contraignant retenu par l’axe Faits religieux en Asie de l’IrAsia de l’étude des ritualités et du rite en temps de crise ou de bouleversements pour en saisir toute la richesse systémique et sémantique.

Le début de contrat est fixé au 01/10/2022. 

Merci aux personnes intéressées de bien vouloir adresser un CV et un projet de recherche avant le 14 juillet à Arnaud Brotons (arnaud.brotons[at]univ-amu.fr). 

Lien vers la page de l’appel sur le site du CNRS.