Pierre-Emmanuel Bachelet soutiendra sa thèse de doctorat intitulée Bateaux-pigeons, quartier japonais et cartes nautiques : réseaux marchands et relations interculturelles entre le Japon, le Đại Việt et le Champa (XVIe-XVIIIe siècles), le vendredi 11 décembre 2020 à 9h, devant un jury composé de :
M. Jean-Pascal BASSINO, Professeur des Universités, ENS de Lyon
Mme Nadine BÉLIGAND, Maîtresse de conférences, Université Lyon 2
M. Leonard BLUSSÉ, Professeur émérite, Université de Leiden
M. Andrew HARDY, Directeur d’études, EFEO
M. François LACHAUD, Directeur d’études, EFEO
Mme Antonella ROMANO, Directrice d’études, EHESS
La soutenance sera limitée au jury sur Zoom, mais sera diffusée en direct sur Youtube, ce qui permettra à toutes les personnes intéressées d’y assister. Vous pourrez y accéder au lien suivant : https://youtu.be/CPCheVKiPTc
Résumé :
Cette thèse vise à analyser l’une des connexions majeures des mers de Chine à l’époque moderne : les relations entre le Japon, le Đại Việt et le Champa. A partir du milieu du XVIe siècle, l’impossibilité d’accéder au marché chinois pousse les marchands japonais à investir de plus en plus dans le commerce avec l’Asie du Sud-Est. Ils peuvent y échanger leur argent et leur cuivre contre de la soie et des produits tropicaux. Pour les Japonais, le Đại Việt présente des avantages décisifs : il accueille des marchands venus de Chine et est le seul pays de la région à produire lui-même de la soie. De plus, les autorités des deux pays partagent une conception similaire de l’étiquette et une instruction fondée sur les mêmes classiques. Le Champa, quant à lui, revêt une importance capitale auprès des autorités japonaises en tant que pourvoyeur de bois précieux. Ces relations connaissent une profonde restructuration au cours des années 1630, quand le shogunat interdit aux Japonais de quitter le pays, sans que cette connexion ne disparaisse. Par ailleurs, ces contacts avec le monde extérieur ont permis à une cartographie spécifiquement japonaise de se développer. Les cartes réalisées, si elles se fondent sur des modèles européens ou chinois, parviennent cependant à les réinventer et à les dépasser.
La proximité entre le Japon et le Đại Việt en a donc fait des partenaires privilégiés, ce qui a permis l’établissement de communautés japonaises dans les ports viêt. Ces résidents japonais y ont occupé une fonction centrale, celle d’intermédiation entre Européens et autorités viêt. L’objectif de ce travail de recherche est d’expliciter les fondements sur lesquels cette entente s’est nouée et d’analyser les réseaux multiethniques autour desquelles elle s’est construite, en recourant notamment à des modélisations informatiques.
Abstract :
This dissertation aims to analyse one of the major connections in the early modern China seas, the relations between Japan, Đại Việt and Champa. From the mid-16th century onwards, as they were unable to access the Chinese market, Japanese traders increasingly invested in trade with Southeast Asia, where they were able to exchange silver and copper against silk and tropical products. Đại Việt offered decisive advantages for the Japanese. Merchants coming for China went there to trade and it was the only country to produce silk on its own. Furthermore, the authorities in both countries shared a same vision of diplomacy and their instruction was based on the same classics. As for the Champa, it was of particular importance for the Japanese authorities as a supplier of precious woods. These relations underwent a thorough reorganisation in the 1630’s, when the shogunate prohibited the Japanese from leaving the country, but this connection remained strong. Besides, these contacts with the outside world enabled a specifically Japanese cartography to emerge. Although they were based on European or Chinese models, these maps succeeded in reinventing and going beyond these models.
The proximity between Japan and Đại Việt made them privileged partners and led to the settlement of Japanese communities in Viêt ports. These Japanese residents played a crucial role in these societies, as go-betweens between the European and Viêt authorities. The purpose of this research work is to demonstrate how this common understanding emerged, and to analyse the networks that shaped it, notably through computer modelling.